Résumé
Que reste-t-il aujourd’hui du mythe des Alpes? Où sont-ils passés les
paysages arcadiens qui ont tellement fait rêver les lecteurs et lectrices
tombés sous le charme de La Nouvelle Héloïse? Il y a, certainement, un
antagonisme entre notre civilisation technique, - qui promue la croissance, la
mobilité et les loisirs, et la région alpine, domestiquée pour être aujourd’hui
rentable et productive. Si les touristes viennent aux Alpes pour découvrir la
beauté des paysages (ils veulent absolument ramener chez eux les clichés dont
ils rêvent: des chalets proprets garnis de géraniums, des prairies truffées de
vaches et d’alpages), pourquoi ce patrimoine paysager est si maltraité? La
relation entre l'homme et la montagne est en train de changer ? Cette
dernière est-elle passée d’être un élément menaçant à un élément menacé ?
Trouver le juste équilibre entre identité et modernité est devenu très complexe
en Suisse. Les différents intérêts économiques du tourisme sont presque
toujours au-dessus des intérêts de la nature et du paysage, et on risque de
transformer les Alpes suisses en un énorme parc d'attraction. Cependant,
l'intérêt pour l'image mythique des Alpes est encore très vivant dans la
littérature et le cinéma de nos jours. Dans la littérature avec des œuvres
telles qu’Estive de Blaise Hofmann ou le Journal d'un berger nomade,
du français Pascal Wick. Toutes les deux nous parlent du retour dans le monde
du pâturage. Des films récents comme « Belle et Sébastien » ou
« Héidi » peuvent également exercer une grande influence sur la façon
dont nous percevons cet environnement. Si nous sommes capables de penser à la
nature comme quelque chose de vivant, de sentir et de reconnaître notre
relation profonde et l'interdépendance avec elle, nous arriverons à provoquer
un changement de mentalité. La littérature, le cinéma, tous les arts en général
ont la capacité d’émouvoir plus que n’importe quelle donnée scientifique. Ils
peuvent dénoncer également la responsabilité que l’être humain a par rapport à
la crise écologique. Protéger notre environnement c’est préserver l’avenir de
l’humanité.
1.
L’IMAGE DES ALPES DANS LA LITTERATURE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
1.1 La genèse du mythe arcadien des Alpes
C’est le XVIIIe siècle qui « invente » les Alpes. Les
œuvres des voyageurs et des écrivains ont un rôle central dans la construction
du mythe. Jusqu’alors la montagne était un lieu que le voyageur contournait, un
monde habité de peuplades repoussantes, souvent accablées de maladies
effrayantes. Les commerçants, qui traversaient les Alpes pour se rendre en
Italie, se regroupaient en caravanes, et ils prenaient seulement des sentiers
bien balisés. Une partie de cette transformation est due au long processus de
recherche qui commence avec les voyages alpins, inaugurant ainsi la phase de
"profanation" de la montagne par la connaissance et l'observation
scientifique[1].
Ce processus atteint sa plénitude au XVIIIe siècle. Les scientifiques, convertis
en courageux grimpeurs, vont gravir et raconter les plus hauts sommets. C’est la
dernière étape de cette longue "démystification" de la montagne. Les
exploits se produisent dans les Grisons, dans l'Oberland bernois, le Valais et
le Mont-Blanc. Les nouvelles habitudes de navigation changent complètement la
perception que les voyageurs avaient des Alpes. L'initiateur a été le grand
érudit Johann Jakob Scheuchzer, père de la paléontologie et de la
paléobotanique, et auteur de nombreuses publications entre 1700 et 1723, connues
sous le titre générique d’Alpine Itinera. Mais ce fut le poème "Die
Alpen", d’Albrecht von Haller, publié en 1731 et rapidement traduit dans
les plus grandes langues européennes, qui donna le branle d’une nouvelle
vision, positive et poétique, de la montagne et de ses habitants. C’est lui qui
décrit la figure du bon sauvage helvétique autochtone, homme vivant encore
comme aux origines : « Disciples de la nature, vous connaissez encore
un âge d’Or » (De Haller 1995 : 12). Cet âge d’or qu’Haller évoquera
n’existait à l’époque que dans son esprit, mais cela n’en marquera pas moins le
début du mythe alpin qui demeurera jusqu’à nos jours. La vie simple et pénible,
mais saine, menée en harmonie avec la nature, la chance de vivre au sein de sa
famille, la liberté des montagnes furent opposées aux mœurs décadentes des
grandes villes et des cours. Les lecteurs, familiarisés par les paysages
ordonnés de jardins à la française, découvrent dans ses poèmes les vallées
pleines de fleurs, de forêts, de cascades et de lacs. Et bien que certains
versets soient dédiés aux glaciers, Haller, ne décrit ni les hauteurs, ni les
précipices, ni les hauts sommets : ils sont toujours considérés comme des lieux
inhospitaliers (topos horribilis). La montagne qu’il décrit est surtout
la moyenne montagne, les Préalpes (vus par les voyageurs anglais comme un
nouvel Eden), qui vont fournir le terrain à la construction du mythe Suisse.
Après les scientifiques et les artistes, c’est le tour
des écrivains, qui inspirés par le mouvement romantique, décident de faire
l'éloge de la beauté de la montagne. La publication de la Nouvelle Héloïse
en 1761, marque une nouvelle étape. C’est Jean-Jacques Rousseau qui fit entrer les Alpes
dans la littérature. Le véritable moment mythologique qui a contribué à
répandre en Europe l’attrait du voyage dans les Alpes durant le dernier tiers
du XVIIIe siècle est la célèbre «lettre sur le Valais» (Julie ou La Nouvelle
Héloïse, lettre XXIII, 1re partie), dans laquelle Saint Preux raconte son
excursion dans les montagnes du Valais. Il s’agit, évidemment, d’un type de
paysage idyllique, on est encore loin d’une connaissance réelle de la montagne.
D’ailleurs, « la haute montagne, âpre, rude, inhumaine ne pouvait plaire à
Rousseau. Elle n’accueille pas le voyageur. Indifférente à l’homme, elle ne
peut charmer celui qui ne cherche pas à la comprendre, à l’aimer pour
elle-même, et non pour soi » (Engel 1930 :3). Rousseau dresse
également un tableau idyllique des paysans du Haut-Valais : un peuple
égalitaire et hospitalier qui « vit pour vivre, non pour gagner ni pour briller
» (Rousseau 2002 : 133). Cette œuvre devient à son tour une source
d'inspiration pour d'autres poètes qui viennent en Suisse attirés par les beaux
écrits de Rousseau, pleins de belles descriptions de paysages alpins. Le voyage
aux Alpes devient une mode et une thérapie pour le corps et l'âme, et sa
fascination pour la montagne se transforme, par la suite, en véritable passion. Les premiers aménagements de loisirs sont intimement liés aux
représentations positives qu’en
donnent des générations de peintres et d’écrivains, suivis par les premiers «
touristes ». La Suisse profite de cet enthousiasme et organise une
authentique industrie du souvenir, qui accueille de nombreux voyageurs en tant que clients, la
plus grande partie ce sont des britanniques et de français, dont la destination
finale est l'Italie. Voici comment les Alpes deviennent une nouvel Arcadie au XVIIIe
siècle.
Cette idée de paradis arcadien va se consolider un siècle
plus tard avec la publication du roman de Johanna Spyri, Heidi (1880).
Cette œuvre représente la nature intacte des Alpes suisses avec toutes ses
prairies, ses montagnes et ses paysages idylliques. On sent l’influence du romantisme: la montagne de Johanna Spyri recèle toujours
un âge d’or non corrompu par la modernité. Cependant, cette image idéalisée, également
encouragé par des poèmes et des chansons, ignore la réalité historique et les
changements apportés par l’ouverture à l’industrie et au tourisme de masse. La
fin du XIXe siècle impose une nouvelle image des Alpes. Les paysages alpins
commencent à subir de grandes transformations à cause de l’essor du
tourisme : les nouveaux hôtels et les chemins de fer de montagne sont
critiqués par des personnalités du monde littéraire qui vont s'insurgeaient contre l'invasion de réclames
publicitaires, la démolition de bâtiments historiques et la modernisation des
vieilles villes. Toute modification paysagère sera dénoncée de la fin du XIXe
siècle et même jusqu’à nos jours.
1.2 La littérature
au service de l’environnement : vision écocritique des Alpes
Sans vouloir être exhaustif, voici quelques auteurs suisses
romands qui ont dévoilé à travers leurs écrits les problèmes que le tourisme et
ses infrastructures ont provoqués dans les paysages autochtones de leurs
cantons. Nous commencerons ce parcours par l’écrivain Edouard Rod (1857-1910),
vaudois installé à Paris qui condamne dans son roman Là-haut (1897) la
dégradation du paysage alpin du Valais à la fin du XIXe siècle. Il anticipe les
préoccupations environnementales dues au changement et à la destruction des
modes de vie ancestraux. Le protagoniste du roman, Julien Sterny, est un
parisien d’origine suisse qui retrouve son pays après un scandale qui l’éloigne
de la capitale française. Suivant les conseils d’un ami, il arrive à
Vallanches, un petit village situé dans la région de Martigny, éloigné des
circuits touristiques. Ses habitants vivent en harmonie avec la nature et de
ses quelques vacanciers, des habitués de cet endroit plein de charme. Jusqu’à l’arrivée
de M. de Rarogne, un promoteur immobilier et les constructeurs du chemin de
fer. Tout est bousculé dans ce vieux village : nombreux sont ceux qui veulent
profiter du progrès et se laissent convaincre par l’argent facile. Des
personnages pittoresques défilent dans ce cadre idyllique, des histoires
d’amour se nouent, des querelles naissent, mais la solidarité renaît face à
l’adversité. C’est un récit quasi prophétique sur l’évolution du tourisme en
Valais : les descriptions des paysages magnifiques, des conditions
dures de cette vie paysanne et des gens de la montagne, tentés par l’argent facile,
sont d’une actualité saisissante : « Ceux qui verraient clair dans ce
mystère gagneraient plus d’argent en deux ou trois ans […] que leurs pères n’en
avaient économisé en six générations de travail et d’économie » (70). La
haut-montagne commence à être rentabilisé par le tourisme : on devient
hôtelier, guide, transporteur. Les Alpes cessent d’être un monde de terreurs et
de désintérêt pour devenir un gagne-pain et, petit à petit, la physionomie si
caractéristique des villages suisses disparait :
Hélas ! le temps n'est pas loin où l’on ne verra plus de « villages suisses
» que dans les expositions, comme on ne voit déjà presque plus de meubles
anciens que dans les musées ou chez les antiquaires. La création de ces «
stations », qu'une publicité bien entendue met aussitôt à la mode, est suivie,
à bref délai, de la construction de chemins de fer, et l’on sait les montagnes
illustres dont les sommets ne sont plus que des gares (Rod 1901 : 419)
Pour préserver les paysages et les beautés éternelles de
la montagne, il faudrait leur épargner les agressions de l’homme et de la
technologie : Mais je ne puis m'empêcher de songer ici à cette définition
de l'Homme, dont la vérité s'impose : «... un petit animal industrieux, qui
excelle à utiliser tout ce qu'il y a dans la création pour en gâter la beauté
tout en détruisant le bonheur de sa propre vie.. » (Rod 1901 : 423).
Edouard Rod jouera un rôle très important à Paris en tant
que parrain littéraire d’autres auteurs suisses venus chercher fortune à la
capitale française. Parmi eux, l’écrivain vaudois C.F. Ramuz (1878-1947). En
tant que témoin de fortes transformations des paysages alpins, ce jeune écrivain
montre également son soutien aux mouvements de protection de la nature qui font
leur apparition au début du XXe siècle, en s’attaquant très fortement à l'industrie
du tourisme et aux hôteliers :
Il y a déjà assez en Suisse de ces aventuriers qui font fortune en attirant
chez nous nos voisins dont ils vident les poches. Il me tarde de voir les Alpes
purgés de ces fantoches embarrassants, armés de piolets, accompagnés d’une
bande de miss en jupes courtes et d’une caravane de guides. Il me tarde de voir
la Suisse rendue à ses habitants, à ses citoyens. Il me tarde de voir
disparaitre le cosmopolitisme qui, non content de détruire chez nous les
vieilles mœurs et les vieilles coutumes, tend chaque jour à dégrader notre
peuple jusqu’ici si probe. Je voudrais voir en une seule nuit tous les hôtels
détruits. Les hôteliers, on en fera des manœuvres, des ouvriers, des artisans.
Ils seraient alors plus utiles à la Suisse, ils travailleraient à sa
prospérité, au lieu de travailler à sa ruine, à sa perdition peut-être (Ramuz
1968 : 10).
Ce texte rejoint le mouvement précurseur de l’écologie[2]
qui conduira à la création du Heimastschutz (Ligue pour la conservation
de la Suisse Pittoresque)[3], en
1905. En dénonçant l'utilitarisme dominant et la banalisation du paysage, Ramuz
précise :
On vient visiter le lac, les montagnes, les glaciers, tels qu’ils sont
représentés dans le livre.[4] Et
celui qui est venu, une fois rentré chez lui, dit à ses amis : ‘Allez voir
comme c’est beau’. C’est pourquoi les étrangers deviennent toujours plus
nombreux, jusqu’au jour des chemins de fer (Ramuz 1967 :186).
Le flux de plus en plus dense des touristes venant
séjourner en Suisse contribue fortement à la création des lignes de chemin de
fer à crémaillère. Elles constituent une des attractions principales pour les
touristes qui pouvaient de cette manière satisfaire leur besoin de retour à une
nature encore inviolée. L’une de ces lignes va susciter un grand débat
national : la construction d’un funiculaire électrique entre le village de
Zermatt et le sommet du Mont Cervin en 1907.
La Ligue pour la conservation de la Suisse Pittoresque et
le Club alpin suisse vont se mobiliser contre ce projet, notamment au travers
de pétitions lancées dans toute la Suisse. On écrit même une pièce de théâtre
intitulée «Le Cervin se défend!» du Fribourgeois Auguste Schorderet[5]. De
manière générale, on accuse les promoteurs de vouloir défigurer un symbole de
l’identité helvétique, à savoir la montagne, au profit de riches industriels et
des touristes.
On commence à se préoccuper en Suisse, au point de vue de la protection des
sites naturels, de l’envahissement exagéré des chemins de fer de montagne. Une
pétition lancée par la Société pour la sauvegarde du pittoresque et par le Club
alpin suisse contre le projet d’un chemin de fer au Cervin vient être remise au
Conseil Fédéral, revêtue de 68.000 signatures (Cf. La Suisse au XIX siècle,
T.III, ‘La Montagne Suisse’, par E. Rod).
Autre front ouvert contre la destruction des paysages
alpins est celui des ressources hydrauliques. Eduard Rod introduisait
poétiquement le thème en 1901 en décrivant les débuts d’une nouvelle
industrie : « Elle se glisse sur le pas d’un personnage très ‘fin de
siècle’, colporteur d’une nouvelle espèce, mercanti fantastique, spéculateur
imperturbable et matois : le marchand de cascades » (Rod 1901 : 421).
Mais c’est Maurice Chappaz, le poète valaisan, qui va faire prendre conscience
aux Valaisans à partir des années 1950, que les Alpes sont plus qu’une simple ressource économique à
surexploiter, et doivent être protégées et respectées. Chappaz a été le premier
écrivain qui a osé dénoncer dans Le Match Valais - Judée (1968) et surtout dans Les
Maquereaux des cimes blanches (1976) les conséquences du progrès à court terme :
On a pu exploiter, d’une
façon effrénée les ressources naturelles d’un pays. Et le Valais était un
morceau de choix, un morceau de rois pour les spéculateurs.[6]
Face aux dommages causés par le tourisme, le
pillage des terres et la spéculation immobilière, Chappaz, le poète qui
chantait auparavant la beauté des Alpes, se sent dans l’obligation d'exprimer
son dégoût et sa douleur. Angoissé parce qu’il sent la catastrophe, « sous
ses yeux, un certain Valais meurt, transformé sans pudeurs ni mesure »[7],
il devient un écrivain engagé. Ses poèmes abandonnent les étagères de la
bibliothèque pour s’unir aux problèmes de la société, Chappaz va dire ce qu'il
pense. Mais ce n’est pas cela la véritable mission d’un poète ? D’après lui, le
poète remplit une fonction nécessaire : « Il est le témoin du cœur.
Contre le mensonge des robots et des trafiquants »[8]. Sa prose donc devient une arme au service de son
combat pour préserver la montagne des appétits des hommes et de leur bétonnage
irréfléchi.
Chappaz va donc secouer la société valaisanne, le
monde politique et économique de l'époque, et surtout, il va se battre pour
préserver le paysage qu’il affectionne autant. Ce qui était autrefois un acte
de célébration devient un acte de résistance, une plainte amère comme
nécessaire. Ceci peut être vu dans le texte qui accompagne la deuxième édition
de Les
Maquereaux des cimes blanches, dont le titre est déjà très révélateur La
Haine du passé (1984) :
Chez nous la mise aux
enchères des montagnes et des névés à coups de députés n'en finit pas. Et que
je te balance un câble! Et que je t'enfonce mes trax! Et que j'évapore le Rhône
et que je te rescie une forêt! [...] En images d'Epinal, en dessins animés je
raconte une fin du monde. Ce que l'on a construit dans tous les coins c'est une
Tour de Babel en mille morceaux (Chappaz 1994 : 27-28).
Une relation d'amour et de haine s’établit par la
suite entre le poète et les habitants du Valais. Les écrits de Chappaz provoqueront
des réactions adverses parmi la population locale. D'une part, l'indignation de
la bonne société valaisanne qui participe, à l’époque, activement dans la folie
touristique des années 60 et 70. D’autre part, le soutien inconditionnel de
ceux qui s’identifient pleinement à sa cause, et trouvent dans ses mots le
courage nécessaire pour protester contre la construction de villes dans les
montagnes.
La conscience environnementale a parcouru un long
chemin dans le Valais, grâce en partie à l'héritage laissé par ce poète. Le
point de vue de Chappaz au sujet de la nature a toujours été clair, la louange
et l'écologie. Il a toujours été en faveur de la protection du patrimoine
naturel et contre la destruction et la domination. Cependant, les Alpes ont énormément évolué depuis les années
1970 et, malheureusement, pas toujours dans le bon sens… La diversité
culturelle et la variété du patrimoine rural qui font leur richesse continuent
d’être laminées dans l’indifférence. Quel sera l’avenir du massif et de ses populations?
Aujourd’hui, face aux problèmes qui concernent l’ensemble
de la chaîne (changement climatique, pollution croissante des vallées,
surcharge touristique, zones en déclin, extension de voies rapides et des zones
construites, transports, etc.,) les Alpes essaient de se réorganiser ; certaines
associations pour la sauvegarde de la mémoire culturelle des Alpes et pour sa
protection se sont créées (Pro Vita Alpina[9], L'initiative
des Alpes[10]),
d’autres s’attachent à développer une agriculture « labellisée », les régions
coopèrent ignorant les frontières, les différents États ont signé en 1991 avec
l’UE une convention sur la protection d’un patrimoine considéré vital pour
l’Europe : La Convention alpine, qui considère le massif comme le
dernier domaine, en Europe, doté d’une nature encore naturelle. À ce titre les
Alpes font l’objet de mesures de protection particulières. Mais, sont-elles
suffisantes ?
L’environnement naturel alpin est menacé et il est urgent
de prendre des mesures pour le protéger. Le débat sur le suréquipement
touristique et la défiguration du paysage est indispensable aujourd’hui, surtout
lorsqu’on continue à vendre la montagne sur des images de nature inviolée ! Le
développement dit durable est-il un objectif pour les aménageurs ? Si la
tendance continue l‘impact qu’aura l’évolution de l’économie des loisirs et du
tourisme sur la nature et le paysage des Alpes devrait être bien plus important
que les altérations naturelles découlant, par exemple, du changement
climatique.
Cette problématique de l’expansion du tourisme y est traitée
sous un angle très intéressant dans le récit Estive de l’écrivain suisse
Blaise Hoffmann en 2007. Estive est la chronique d’un été passé en tant
que berger dans les Préalpes vaudoises. Hoffmann va se confronter seul à
l’immensité de cet espace sauvage pour évoquer la beauté des montagnes, mais
aussi ses laideurs, en interpellant la dysneylandisation des Alpes. Il distille aussi des réflexions, souvent ironiques, sur la montagne et sa
mythologie, ou ce qu'elle est devenue, à Leysin,[11] par
exemple :
Leysin, station fun, propose escalade, canyoning, mountain
bike, randonnée, promenade à dos de mulet, rafting,
pêche en rivière, piscine, tennis, hockey, karting sur glace, raquettes,
squash, aérobic, parapente, via ferrata, héliski, cheval, poney,
ping-pong, football, beach-volley, parcours vita, minigolf, musculation,
aquagym, tir au pigeon d’argile, parc à biche, quad, télécabines, télésièges,
téléskis, freestyle park, halfpipe et superpipe. À la
Hiking Sheep Bergerie backpacker, le lit en dortoirs coûte trente francs (161).
Bien évidemment, toutes ces activités proposées par
l’industrie du tourisme « compense[nt] l’exode rural du siècle
dernier, repeuple[nt] la montagne, la rend plus viable, plus tenable, plus
rentable » (161). Et aux paysans qui pleurnichent maintenant, l’auteur
leur rappelle: « Qui a vendu les terrains où se construisent les complexes
touristiques ? » (162). La critique politique n’est pas loin et quand
Hofmann se laisse emporter, cela devient vite assez saignant, rejoignant ainsi
les propos d’un Maurice Chappaz qui rappelait « la grande
vente du Valais »:
Tous au village ont récupéré à leur compte le mythe alpin. Les
autochtones, en vendant leurs produits avec une plus-value de tradition. Les
acteurs touristiques, en exploitant la virginité illusoire des Alpes pour
vendre des nuitées. Les patriotes, en faisant des Alpes une référence
inaltérable au pacte initial. Les écologistes, en défendant l’idée d’un terrain
fragile et riche qu’il faut préserver de toute intrusion moderne (163).
Il fonce encore plus loin et il demande la
démythification complète des Alpes : « Il est temps de décoloniser
les montagnes de leurs chimères, de se défaire des illusions qui constituent
notre suissitude, cet objet de marketing » (163), mettant en cause
le grand récit identitaire suisse : « Il n’y a rien dans les Alpes
d’essentiel. C’est du relief qui traverse l’Europe en se foutant des
frontières » (163). Hofmann jette un regard plein d’ironie et de
désillusion sur ce qui est devenu les Alpes et nous montre le vrai visage de la
montagne : « La montagne se théâtralise. Les Alpes sont le terrain de
jeu de l’Europe. Elles se regardent au travers d’une fenêtre que l’on ouvre
et referme » (118). La montagne est devenue une simple distraction, un
décor, un espace où les touristes viennent s’amuser.
2.
L’ARRIVEE DU TOURISME DE MASSE ET L’AMENAGEMENT DU PAYSAGE
2.1 La littérature et le cinéma face à la
protection du paysage
« Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut
pas voir »
Parmi les plus grands défenseurs du paysage dans la
littérature suisse du XXe siècle se trouvent C. F. Ramuz, Corinna Bille et
Maurice Chappaz. L'univers alpin, avec sa vaste montagne, sera le cœur de
pompage et d'alimentation de sa création littéraire. Étudier leurs œuvres à
partir d'une perspective écocritique est une tâche gratifiante pour mieux
comprendre la crise mondiale à laquelle nous sommes confrontés en ce moment.
Cette crise ne résulte pas d'un mauvais fonctionnement de l'écosystème, mais
d’un fonctionnement néfaste de notre système éthique. Si nous voulons la
surmonter, nous devons comprendre l'impact que l'homme a sur la nature,
comprendre ces systèmes éthiques et en faire un bon usage de la compréhension
pour les réformer. La littérature est-elle capable de modeler de nouvelles
manières d’habiter le monde ? Comme indiqué Donald Worster: « Les
historiens, les spécialistes de la littérature, les anthropologues et les
philosophes ne peuvent pas faire la réforme, mais ils peuvent aider à la compréhension »
(1993 : 27).
Dans le cinéma, le paysage est justement cet élément
donné pour acquis alors qu'il frappe notre regard le plus souvent par sa
magnificence et sa solennité. Cependant, il peut jouer deux rôles bien antagonistes
par rapport à l’environnement. Tout d’abord, il peut aider à ouvrir à une
réflexion anthropologique sur la place de l’homme dans son environnement. En
effet, lorsque nous regardons un film nous permettons à nos émotions de rendre
simplement compte de notre émerveillement : face à un espace naturel, comme
celui des Alpes, nous avons tendance à nous sentir bien petit face à la
grandeur de la montagne. Nous ne pouvons pas nier que le "septième
art" a également un énorme pouvoir de persuasion sur les causes
environnementales et écologiques. Le cinéma n'a pas seulement mis en contact
l'homme avec la nature, les paysages exotiques et la nature documentaire, mais
a également été, et il est toujours, de temps en temps, militant actif dans la
lutte pour la protection de l'environnement. Mais montrer sur le grand écran
ces paysages idylliques a également des conséquences négatives sur leur propre
territoire car il peut provoquer un « effet d’appel » du tourisme de
masse. En ce sens, il existe de nombreux exemples de films qui ont contribué à
l'augmentation des visites touristiques, nous pensons notamment à la trilogie
de Le Seigneur des anneaux ou à sa suite Le Hobbit et la
découverte des paysages de la Nouvelle Zélande. Cette augmentation du tourisme
pour découvrir les décors naturels d’un film, phénomène connu sous le nom de movie
tourism, provoque un impact économique, culturel, mais aussi
environnemental qui peut conduire à une dégradation de l’espace naturel dans lequel
le film et les zones proches ont été filmé, si cela n’est pas bien géré.
En Suisse, nous trouvons un bon exemple du développement
touristique avec l’histoire de Heidi. L’héroïne et son histoire sont
devenues un symbole de la manière dont les gens du monde entier perçoivent la
Suisse. Heidi évoque surtout de belles montagnes et de beaux paysages alpins et
une vie épargnée par les soucis urbains. Mais c’est le dessin animé d’Hayao
Miyazaki, produit en 1974, qui a séduit des générations entières de touristes
japonais, venus en Suisse pour voir le vrai pays d’Heidi. Le dessin animé a été
diffusé à la télévision partout dans le monde et il est devenu culte dans d’autres
pays. Selon Hans-Jörg Müntener, directeur de l’office du tourisme de Maienfeld, le
village où se déroule l’histoire d’Heidi, plus de 100'000 visiteurs se pressent
chaque année pour un pèlerinage sur les terres de la petite orpheline, générant
des retombées de l’ordre de 5 millions de francs pour la région. Près de la
moitié des visiteurs viennent d’Asie et les touristes en provenance du Golfe se
font de plus en plus nombreux depuis trois ans.
Un dernier long-métrage sur Heidi a été filmé récemment
dans les Grisons en 2014. Distribué par la compagnie Disney (comment
pourrait-il en être autrement ?), sa sortie dans les salles suisses a été
un grand succès, du point de vue économique, culturel, touriste…. et
environnemental ? Le temps nous le confirmera… !
2.2 La Disneylandisation des Alpes
L’hypothèse d'une Disneylandisation progressive de la
montagne est formulée pour la première fois vers les années 1990. Bernard
Crettaz, le célèbre sociologue et ethnologue suisse, fait scandale à l'époque
avec son film « L’Adieux aux Alpes » et sa publication Au-delà du
Disneyland alpin, où il oppose la représentation des Alpes comme espace
présumé pur, sauvage et intact dans sa primitivité à la fabrication des
multiples parcs d'altitude, sous la forme de Disneylands. On est obligé à
admettre les nombreuses mutations que la montagne et le monde montagnard ont
subies, bricolant sans cesse du moderne et de l'archaïque authentique. Les
causes : une urbanisation générale, une « turistification »
totale et une grande médiatisation.
Mais qu’est-ce que c’est exactement le Disneyland
alpin ? C’est un mélange entre le n’importe quoi de ce qu’il appelle
« la folle montagne », expression ultime des Alpes terrain de jeu et
le contraire sage du n’importe quoi, le côté modèle des Alpes mesurées,
équilibrées qui ressemblent aux images de la montagne de toujours.
Bernard Crettaz s’interroge également sur le rôle qu’on a
laissé à la culture en général et à celle des Alpes en particulier, car
« nous assistons à des formes d’expression qui ne constituent plus des
enjeux mais relèvent du seul divertissement ». Du même avis est le
philosophe Yves Michaud qui explique qu'après deux siècles de sacralisation
culturelle, nous sommes arrivés à un tournant considérable : celui du divertissement
culturel, dont le tourisme est l'une des conséquences. Le touriste n’a pas une
bonne presse dans le milieu culturel : il est souvent caricaturé et perçu
comme un destructeur qui use et détruit les monuments qu’il visite, génère des
équipements coûteux, pollue et ne comprend pas ce qu’il voit. C’est ce que le philosophe Yves
Michaud appelle « l’envahisseur qui paye » (2006 : 29). Le touriste qui visite les Alpes va à la
recherche d’une identité, bien sûr. Mais laquelle ? Cela débouche presque
toujours sur la fabrication de stéréotypes qui finissent par être plus vrais
que la réalité. Le tourisme stimule donc une production plus ou moins
authentique de culture. Il permet même de réinventer les identités : « Les
stéréotypes ont parfois des effets inattendus. Cela permet de redécouvrir ou de
réinventer une identité. Car il ne faut pas oublier l’importance du regard de
l’autre dans la formation des identités » (2005).
Un exemple plus précis serait le projet envisagé dans le village
de Heidi ou Heidiland. Le roman de Johanna Spyri, traduit depuis plus de
40 ans et publiée à plus de 20 millions d'exemplaires, a donné naissance il y a
quelques années à cette petite folie touristique. Ils ont récrée un monde
romantique et alpin, entre Bad Ragaz et Coire. Et voici comment on vend la
visite de ce célèbre village dans une page touristique suisse :
Dans le village de Heidi, les visiteurs peuvent revivre l'histoire de la
joyeuse petite orpheline proche de la nature dans les lieux mêmes qui l'ont
inspirée et se plonger dans l'époque à laquelle elle a été créée. Le chemin de
Heidi mène à la maison de Heidi et à l‘alpage de Heidi à travers des paysages
idylliques.
Des paysages idylliques ? Il résulte difficile à y
croire d’après les propos de Alain Gsponer, metteur en scène du dernier film
qui vient d’être présenté sur cette héroïne : «Il a été très difficile de
trouver le lieu adéquat, explique encore Alain Gsponer. Aujourd’hui, il
n’existe plus un alpage qui ne soit pas électrifié, plus un champ sans pylône.
C’est finalement autour du village de Bad Ragaz que nous avons tourné les
scènes de montagne, en faisant disparaître, ensuite, sur la pellicule, les
éléments parasites ». Mais ce n’est pas tout, car il existe même un projet de
parc d'attractions sur le thème de Heidi combinant manèges et nature. En effet,
des représentants de Heidiland et du «village de Heidi», ainsi que les
remontées mécaniques de Grüsch-Danusa, se sont rencontrés de manière informelle
pour un échange d’idées.
Est-ce que le patrimoine culturel des Alpes est devenu un
simple et passionnant divertissement touristique ? Si on revient sur les
propos de Bernard Crettaz, on doit constater que, trente ans plus tard, ce
qu’il vaticinait est devenu une réalité : jouer, s’amuser, consommer.
Voici le lien qu’on a aujourd’hui avec le patrimoine, car « tout ce qui a
fait votre vie revient comme un grand jeu à l’ancienne : vieilles maisons,
vieux outils, vieilles fêtes, vieux rituels, vieux récits, vieilles légendes…
Et si l’on n’a pas de vrai vieux, on fabrique du faux vieux qu’on mélange avec
tout et n’importe quoi. […] tout est bon pour jouer un moment avec un
passé-amusette ! (1994 : 16)
CONCLUSION
D’après l’ONG WWF, près de 120 millions de personnes
visitent chaque année les Alpes. Il est grand temps de prendre de mesures pour un
développement du tourisme plus responsable, en particulier du tourisme de
masse, qui a contribué notablement à la destruction du paysage alpin ces
dernières années. L’urbanisation, la construction d’infrastructures (routes,
remontées mécaniques, parkings, etc.), le trafic routier et les activités de
loisirs peu respectueuses de la nature font disparaître de précieux paysages
naturels et culturels et avec eux, la faune et la flore qu’ils hébergent, mais
aussi la propre culture de la montagne. Le cœur d’un village cesse de battre
lorsqu’il est saturé des constructions qui évoquent d’avantages les banlieues
des villes que les sites agrestes.
Les touristes, dans la plus grande majorité, demandent en
plus des équipements sportifs tout ce qui peut les rassurer confort et
distractions : boutiques, cafés, garages, parcs, parkings, self-services,
etc. La ville à la montagne mais avec des illusions de village ! Nous
disposons donc aujourd’hui, dans la haute montagne suisse, de toutes les
modernités souhaitables et, également, de ce retour à l’ancien. Et puis, le
métissage, le mélange entre les deux, le « n’importe quoi » dont le
sociologue Bernard Crettaz nous en parlait avant. Evidemment, ce mélange de
modernité et d’ancien peut provoquer des conflits entre ceux qui regrettent
l’ancienne montagne, l’ancien mythe de la montagne primitive, et ceux qui
veulent la développer : les promoteurs. De nos jours, il y a toujours en
montagne des conflits, des cassures, des déchirements qui provoquent parfois du
désordre. Mais on doit trouver le juste milieu : réintégrer le retour du
vieux, de la nostalgie perdue avec les éléments technologiques nouveaux ;
réintégrer les réserves naturelles, les sites écologiques et les zones
protégées ; réintégrer les grandes expositions venues du monde entier et
les festivals de toutes sortes qui sont devenus les nouvelles fêtes alpestres. Car,
si nous ne prenons pas garde, les Alpes suisses vont s’apparenter de plus en
plus à un univers artificiellement mis en scène, où l’on fera de la nature un
simple bien de consommation et de la haute montagne un simple parc
d’attractions. Jusqu'où peut-on réaménager les montagnes pour le
tourisme sans toutefois les dénaturer ?
BIBLIOGRAPHIE
De Haller, Albrecht (1995) Les Alpes.
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Chappaz,
Maurice (1994) Les Maquereaux des cimes blanches. Carouge :
Editions Zoé.
Crettaz,
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Michaud, Yves « Au-delà des défis du tourisme
culturel », La Revue Nouvelle, n° 1-2 / janvier-février, 2006, pp 22-32.
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ne faut pas oublier que le touriste, c'est toujours l'autre... », Le
Monde, 11 aout 2005.
Ramuz, C.F. (1967) Les circonstances de la vie
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--, (1968) Journal in Œuvres Complètes.
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Reymond, Evelyne (1988) L’Alpe romantique. Presses universitaires de Grenoble, collection
l’Empreinte du temps.
--, (1901) "La montagne suisse", in
P. Seippel, éd., La Suisse au dix-neuvième siècle, t. 3. Lausanne, F. Pavot :
397-424.
Roure, Benjamin, de
Roux, Emmanuel, « Le tourisme contre la culture ? », Le Monde, 11 août
2005, p. 13 et 18.
Rousseau, Jean-Jacques (2002) La Nouvelle Héloïse.
Paris : Gallimard. Coll : Livre de poche.
Stucki Erwin, Rognon
Pierre (1998) La vallée des Ormonts face aux changements climatiques et aux
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Worster,
Donald, The Wealth of Nature : Envirommental History and the Transition
to a logical Imagination. New York : Oxford University Press.
Communication présentée lors de la Journée d'Études "Crise écologique et ré-création artistiques", célébrée à l'Université de Savoie Mont-Blanc le 18 novembre 2016.
Communication présentée lors de la Journée d'Études "Crise écologique et ré-création artistiques", célébrée à l'Université de Savoie Mont-Blanc le 18 novembre 2016.
[1] L'historien suisse Aegidius Tschudi a écrit en 1538 le premier Traité
sur la géographie de l'Alpes Rhétiques ; ou Jost Murer la première gravure
en bois de la carte du canton de Zurich en 1566.
[2] La
mise en évidence des dangers encourus par l’environnement ne débouche pas
encore sur une véritable attitude écologique au sens actuel du terme, mais
plutôt sur le réveil d’une nostalgie de l’harmonie, d’ordre fondamentalement
esthétique.
[3] En
1905, l’association du Heimatschutz (Ligue pour la
conservation de la Suisse pittoresque) voit le jour sur le modèle allemand de
1904, ainsi que la Ligue pour la Protection de la Nature quelques années plus
tard, en 1909, dont l’objectif est la protection des paysages suisses face aux
absurdités du modernisme. La nature et tout particulièrement les Alpes
occuperont une place centrale par la fonction identitaire qu'elles représentent
pour la Suisse.
[5]
Elle met en scène un entrepreneur américain et un
ingénieur français qui désirent construire un chemin de fer au Cervin. Mais en
essayant d’escalader le sommet, l’ingénieur chute mortellement en raison de son
inexpérience du milieu alpin. Morale de la pièce écrite par ce journaliste qui
a travaillé à La Gazette de Lausanne: ne touchez pas aux symboles suisses!
[6] Entretien réalisé à M. Chappaz en 1977. On peut l’écouter: http://www.swissinfo.ch/fre/multimedia/video.html?siteSect=15045&ne_id=10208679&type=real
[7] Le Confédéré, mardi 13 avril 1976. Article: “Le cri du poète qui dérange”,
par M. J. Luisier.
[8] Le Confédéré, mardi 9 mars 1976. Article : “Exclusif! Maurice Chappaz parle
de son livre: Les Maquereaux des cimes blanches », par M. J. Luisier.
[9] Le réseau Pro Vita Alpina est une association pour le développement
culturel, social, écologique et économique des Alpes. Fondé en 1972 comme
groupe de travail suisse, il devint en 1989 un réseau international regroupant
tous les pays alpins d’Autriche, d’Italie, de Suisse, de France et de Slovénie.
[10] "L'initiative des Alpes" (iniziativa da las alps en romanche)
est une association suisse pour la protection des Alpes. L'association a été
créée à la fin des années 1980 lorsque des écologistes de la région du
Saint-Gothard ont lancé une initiative populaire visant à réduire la traversée
routière des Alpes pour le transit. L'initiative intitulée « Pour la protection
des régions alpines contre le trafic de transit » a été acceptée en votation le
20 février 1994.
[11] Leysin vit son épopée de station climatique et réussit sa conversion en
lieu de vacances dans les années 1960 (Stucki-Rognon 1998: 25).
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