Résumé
L'ours et le loup occupent une place prééminente dans
l'imaginaire occidental. Voici deux espèces aimées, admirées, appréciées et
même vénérées, mais aussi combattues, honnies et diabolisées depuis la fin de
temps. Elles provoquent des sentiments ambivalents chez les gens car elles sont
toujours peu connues du grand public, et notre littérature n’a pas arrangé
beaucoup les choses. Dès l'enfance, nous savons déjà tout sur le loup. Nous
avons peur, par les contes de fées, comme « Le petit chaperon rouge» et « Le
loup et les sept chevreaux ». Pourtant, de tous les animaux, le loup est celui
qui nous fait le plus confiance parce que ses frères et sœurs domestiqués
vivent depuis des milliers d'années dans nos familles humaines. L’ours
« fait partie des animaux qui ont le plus marqué l’homme », indique Michel
Pastoureau, historien à l’École pratique des hautes études. Ils se côtoient dès
la préhistoire et ils ont cohabité dans les grottes, lieu d’hibernation pour
l’un, site d’expression picturale pour l’autre. Toutes les mythologies
européennes font de l’ours un animal à part, un dieu ou un ancêtre de l’homme,
signe de la forte impression qu’exerçait le plantigrade sur l’homme. Vers le Xe
siècle, il tombe en disgrâce car le christianisme voyait en lui un animal dangereux.
Il y a une croyance populaire, fortement répandue, qui véhiculait l’idée que
l’ours mâle était sexuellement attiré par les jeunes femmes, qu’il les
enlevait, les violait et que de ces unions naissaient des êtres mi-hommes
mi-ours, comme le rapporte le conte Jean de l’Ours. Et on va le
détruire, le chasser, l’attraper pour le dompter et le montrer dans les
villages, foires et cirques. De nos jours, le loup et l’ours continuent à
provoquer des sentiments ambigus. Pourtant, il suffit d’observer leur mode de
vie dans leur habitat naturel pour comprendre que ce ne sont pas ces monstres
que l’on rencontre dans les livres de contes, mais ce sont des animaux
surprenants, à la vie sociale riche, et aux mœurs intéressantes, capables de
vivre en harmonie avec nous si on respecte leur espace.
Voici l’histoire de deux femmes, deux jeunes
écrivaines qui ont voulu rendre hommage à ces deux espèces : la pianiste Hélène
Grimaud et la philosophe Charlotte Bousquet. A travers de leurs œuvres («
Variations Sauvages » et « Le dernier ours ») nous allons comprendre mieux
l’amour que ces deux écrivaines ressentent pour ces deux espèces emblématiques.
Notre objectif sera donc l’analyse écocritique de ces deux livres, très différents d’ailleurs entre eux, mais où la
sensibilité animale, la conscience écologique, la beauté familière des
relations interspécistes, sont bien présentes. Le premier est une
autobiographie qui nous raconte la trajectoire d'un artiste singulier dont la
vie a été transformée par la rencontre d’une louve nommée "Alawa". Le
deuxième est un roman d’anticipation qui nous offre une vision quelque peu
pessimiste et effrayante de notre avenir et de celui des espèces en voie de
disparition. Deux belles et dangereuses aventures qui nous prouvent que, dans
le monde réel ou dans la fiction, l’amour que l’on ressent pour un animal peut
déplacer des montagnes.
Communication présentée lors du Colloque International “L’amour des animaux/Animal Love”. 20-23 mars 2019. Hôtel d’Assezat. Toulouse. On peut visualiser la conférence ici: https://www.canal-u.tv/video/universite_toulouse_ii_le_mirail/les_loups_et_les_ours_une_histoire_d_amour_difficile_montserrat_lopez_mujica.56329
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