Résumé
Au fil des siècles, les Vaudois et les Valaisans ont
su s'adapter à la nature indomptable qui les entoure, sculptant de leurs
propres mains les pentes abruptes de leurs montagnes et les transformant en
terrasses fertiles qui abritent aujourd'hui les vignes les plus variées. Le vin
et le vignoble de ces coteaux escarpés sont très présents dans la vie et
l'œuvre d'auteurs aussi connus que C.F. Ramuz, Maurice Chappaz et Corinne
Bille.
Il est impensable d'imaginer un écrivain comme C. F.
Ramuz sans vignes. Il faudrait se passer à la fois de sa biographie et de
son travail ; il faudrait oublier qu'il était le fils d'un marchand de produits
coloniaux devenu grossiste en vins des années plus tard ; qu'il était encore
très jeune étudiant quand il participait aux vendanges à Yvorne ; qu'à son
retour de Paris il habitait une vieille maison des vignes à Treytorrens, où
s’est déroulé sa rencontre décisive avec Stravinsky, sous le double symbole
"du pain et du vin d'ici". Le vin et la vigne sont
très présents, non seulement dans ses œuvres les plus inspirées, comme Vendanges,
Chant de Notre-Rhône ou Souvenirs d'Igor Strawisky, mais aussi
dans une bonne partie de ses romans : Passage du poète, Farinet ou la
fausse monnaie, entre autres.
Maurice Chappaz est sans doute le poète suisse d'expression
française le plus représentatif du canton du Valais et, aussi, un grand
connaisseur du vin. Un univers qui domine à la perfection, de façon
substantielle et essentielle, par ses racines, par sa propre expérience et par
son art. Dans un petit livre intitulé Chant des Cépages Romands, le
poète nous propose une classe magistrale sur les vins suisses. Un texte qui
surprend par la profondeur et la sensibilité que le poète montre envers le vin, la vigne et sa culture.
Vignes pour un miroir (1985) est un livre original né de la rencontre entre
deux regards, celui d'un écrivain et celui d'un artiste, peintre et graveur.
Corinna Bille s'inspirera d'une série de gravures de Pierre Schopfer pour nous
présenter, dans une édition posthume, une trentaine de poèmes inédits sur les
belles terrasses des vignobles du Lavaux. Des poèmes à la fois féminins,
violents et d'un certain érotisme, dont les vers reflètent une relation étroite
entre les femmes et la vigne.
L'importance
de cette culture viticole dans le travail de ces écrivains fait l'objet de la
présente communication, puisque, comme nous le verrons plus loin, les paysages
viticoles donnent à ces écrivains le modèle d'une forme artistique sur laquelle
ils fondent une partie de leur création. Poètes du vin, ambassadeurs du
vignoble romand.
1.
Sur
les terrasses de Lavaux
Lavaux, sur les rives du lac Léman, s'étend sur quelque 900 hectares et
compte quelque 28.000 habitants. On dit que les Romains y ont apporté la
culture de la vigne, mais il est prouvé qu'elle a été cultivée avec soin au
XIIe siècle et que depuis 1742, quatre fois par siècle, de grandes fêtes en
l'honneur du vin ont lieu sur la place du marché à Vevey. L'amour pour cet ami
principal des hommes s'est allié à la nature pour stabiliser ce paysage
insolite. Des terrasses d'un peu plus d'un mètre de large sont enfilées en
montée, sur la pente du Jura, jusqu'à 800 mètres ; des terrasses soutenues par
des murs de béton et reliées par des escaliers étroits et raides. L'attachement que les
gens du lieu ressentent pour leur terre, associé à une exposition exceptionnelle,
assure chaque année le succès d'une production déjà reconnue. Nous ne pourrions imaginer Lavaux sans ses vignobles.
Toute l'histoire, l'identité, la tradition et l'économie de cette région ont
tourné autour de cette culture au fil des siècles. La vigne représente l'or de
Lavaux. Corinna Bille nous le rappelle dans ce beau poème :
Ce village sans la vigne
serait redevenue poussière
mais les vieux ceps
ont poussé comme des arbres
et le soutiennent (25).
Nous ne pourrions imaginer Lavaux sans ses vignobles. Mais nous ne
pourrions imaginer non plus Lavaux sans C.F. Ramuz :
Le bon
Dieu a commencé, nous on est venu ensuite et on a fini... Le bon Dieu a fait la
pente, mais nous on a fait qu'elle serve, on a fait qu'elle tienne, on a fait
qu'elle dure : alors est-ce qu'on la reconnaîtrait seulement à présent sous son
habillement de pierre ?[1]
Lorsque l'on découvre Ramuz, il est très difficile par la suite de
dissocier son travail des paysages viticoles de Lavaux. Il faudrait se passer à
la fois de sa biographie et de son travail ; il faudrait oublier qu'il était le
fils d'un marchand de produits coloniaux devenu grossiste en vins des années
plus tard ; qu'il était encore très jeune étudiant quand il participait aux
vendanges à Yvorne ; qu'à son retour de Paris il habitait une vieille maison
des vignes à Treytorrens, où s’est déroulé sa rencontre décisive avec
Stravinsky, sous le double symbole "du pain et du vin d'ici"."
Le vin et la vigne sont très présents, non seulement dans ses œuvres les plus
inspirées, comme Vendanges, Chant de Notre-Rhône ou Souvenirs
d'Igor Strawisky, mais aussi dans une bonne partie de ses romans : Passage
du poète, Farinet ou la fausse monnaie, entre autres.
Dans Chant de notre Rhône, Ramuz décrit le début des vendanges :
"Dans les vignes au-dessus de moi ils sont occupés à cueillir" (Ramuz
1920 : 9). Les raisins qui sont récoltés avec tant de soin et d'attention sont
le résultat d'une année d'efforts et de travail. Ils résument le contenu d'une
vie et dans le précieux liquide qui en résulte l'écrivain trouve, non seulement
la vie et le travail des vignerons, mais aussi le soleil, la terre, le lac et
la région tout entière. D'où l'importance du produit : "On tient le petit
verre, on élève le petit verre devant la flamme de la bougie, on regarde au
travers ; et c'est tout le pays qu'on voit, tout le pays qu'on boit ensuite,
avec sa terre, son sucre, avec son odeur et sève...". (Ramuz 1920 :
18-19).
Le lac est, pour Ramuz, l'élément clé de l'élaboration du vin, et il
affirme : "C'est à l'eau qu'on doit le vin" (Ramuz 1920 : 18) ; il
est aussi l'origine et le reflet fidèle de la mer Méditerranée, sur les rives
de laquelle les historiens ont placé la naissance de cette communauté
culturelle. Sur le plan symbolique, commercial et culturel, la Méditerranée est
la mère de tous les vins. En fait, la plupart des écrivains fascinés par le vin
le sont aussi par le monde méditerranéen. Cette fascination est une constante
dans l'imaginaire européen. Et Ramuz fait partie de ce groupe. Dans ses œuvres,
il insiste beaucoup sur l'origine méditerranéenne du Rhône et du lac Léman :
"Ici est une petite mer intérieure avant la grande" (Ramuz 1920 :
20). Et le vin est ce second fleuve qui remonte le temps et exprime une
identité évidemment orientée vers le sud, vers cet espace nommé Mare Nostrum
par les Romains. Mais, s’il y a quelque chose de particulier qui différencie le
vignoble vaudois, c'est ce deuxième soleil qui se reflète sur le lac Léman,
envoyant ses rayons deux fois sur les pentes du canton.
Tu es
le grand calorifère, le grand régulateur, le grand réflecteur (et
rappelez-vous, quand on demande à la grappe du Dézaley: "Qui t'a
dorée?" ce qu'elle dit, et ces coteaux, rappelez-vous, si on leur
demandait: "Où est votre soleil?" c'est vers l'eau qu'ils se
tourneraient).
Parce qu'il y a deux soleils et le vrai est celui d'en
bas. (Ramuz 1920 : 28)
Corinna Bille
fait aussi référence à ce lac où se reflètent les vignes de Lavaux :
Il existe deux vignes:
l’une est sur le monde
l’autre dans la vague.
Je préfère la seconde
je nage en
elle (33).
Le vignoble fait partie intégrante du paysage et de la culture de la
région. C'est pourquoi, lorsque Ramuz décrit un village, il intègre cette
culture viticole d'une manière si naturelle que ce mot présente ici toute son
ampleur.
Églises, vieilles et
neuves, petites et grandes, églises de pierre, la pierre partout, la vigne
partout, ici déjà ces étages de vignes, les vieilles vignes, les vieux plants :
muscat, fendant, umagne, rèze, amigne, l'une sur l'autre par étages et marches
du côté nord (là le roc, là la nudité) (Ramuz 1920 : 13).
Cultiver et culture
sont ainsi fusionnées en un seul mot, comme dans leurs origines. Cultiver
la vigne ou la culture de la terre, donnent forme aux gens qui vivent
dans le lieu, leur donnant une identité propre, qui peut être appréciée par des
gestes, la couleur de la peau, etc. "...dès le début de la toilette,
s'affirme une nature, celle qui remonte dans les mots dits, les gestes faits,
la couleur de la peau des femmes, leurs tresses tellement serrées, qu'elles
font penser à une grappe de raisin" (Ramuz 1920 : 13-14). L'écrivain
lui-même participe également à cette assimilation avec la culture du lieu et
compare son travail à celui des vignerons eux-mêmes. L'admiration de Ramuz pour
les paysans, les vignerons et les artisans est bien connue. Ramuz aimait se
comparer à eux. Il ne s'est jamais senti à l'aise avec le qualificatif
d'artiste - qu'il considérait comme synonyme d'extravagant. Pour Ramuz, le mot
artiste avait une sorte de connotation, d'originalité libre et sans intérêt. En
fait, lorsqu'il compare son travail à celui d'un artisan, comme le cordonnier
de son magasin, qui parvient à faire une paire de chaussures par des gestes
petits, continus, réguliers et extrêmement calculés et contrôlés. Il est aussi
comparé au charpentier qui construit une table. La comparaison a ici un sens
différent : le menuisier, en construisant sa table, choisit bien ses matériaux,
de sorte que son travail a une certaine durée. Pour Ramuz, le travail de
l'écrivain est fait pour durer, c'est pourquoi, malgré les difficultés
économiques qu'il aura toute sa vie, il prend soin du matériel qu'il achète,
écrit à l'encre de Chine et sur papier de bonne qualité, afin que son travail perdure
aussi dans le temps. Et, bien sûr, avec les vignerons, puisque le travail de
l'écrivain mûrit comme le fruit qu'ils récoltent, avec beaucoup de temps, de
travail et d'efforts ; et comme le vin, il n'en tire que le meilleur. C'est
pourquoi nous affirmons que l'espace géographique dans lequel il vit, et
surtout le paysage de Lavaux, lui donne le modèle d'une forme artistique sur
laquelle repose tout son style créatif :
Mon cric crac à moi, qui est de la pièce d'acier tombant
à chaque fois dans l'entre-deux des dents pour empêcher que, ça n'aille en
arrière, ah ! Que pour moi non plus, ça n'aille en arrière, quand l'amas du
foulé durcit, se dessèche par excès de pression, ne laisse déjà plus tomber
qu'un peu de suc, mais le meilleur !
Ah ! Être associé, ici, à tout ce qui es d'ici… ! (Ramuz
1920 : 11)
Il est également curieux d'observer comment Ramuz mesure le temps. Le
rythme des saisons est donné à travers les étapes de la récolte. Souvenirs
sur Igor Strawinsky (1929) commence : "J'ai fait, je crois, la
connaissance de Strawinsky en 1915, à l'automne, c'est à dire, au moment où je
venais de finir la vendange dans le hameau du Treytorrens que j'habitais en ce
temps-là" (Ramuz 1928 : 49). Dans ce travail dans lequel Ramuz raconte les
années passées avec son grand ami Strawinsky, ainsi que les projets qu'ils ont
menés ensemble, nous trouvons un autre aspect de cette culture viticole : le
rite du vin.
…pour
recevoir convenablement ses amis; alors on les mène à la cave où ça chante dans
les grands "vases", d'où un premier petit verre est tiré, plein d'une
espèce de laitage sentant fort, qui leur est présenté, puis un encore, puis un
autre encore, sans qu'on dise rien (c'est le rite); et c'est seulement au
quatrième ou cinquième essai qu'on se décide : "Eh bien, qu'est-ce que
vous en pensez? (Ramuz 1928 : 51-52).
Ramuz reçoit ainsi Strawinsky, en bon viticulteur - faute d'autre qualité -
et l'invite à partager, comme il est d'usage dans le pays, ce jeune vin,
récemment extrait de la terre : "Moi, c'est tout bonnement en vigneron (je
veux dire un vigneron sans vignes, mais heureux de se conformer à la coutume
qui est dans le vignoble, une fois la vendange faite, d'inviter ses
connaissances, à qui on fait goûter le vin nouveau)" (Ramuz 1928 : 50).
Rapidement une bonne harmonie s'établit entre eux. Les deux ont beaucoup de
choses en commun. La similitude, malgré les nationalités et tant de différences
superficielles, était évidente, étroite. Les deux l'ont réalisé instantanément.
Ramuz n'avait pas besoin de connaître la musique de Strawinsky ou son œuvre la
plus célèbre à ce jour, Le Sacre du Printemps, pour la sentir. Il lui
propose de le rencontrer tous les après-midis à quatre heures dans un petit
café rose du Crochettaz et, voyant comment Strawinsky se comporte devant un
demi-verre de vin Dézaley et un morceau de pain et fromage, Ramuz est encore
plus convaincu. Il se rappelle ainsi cette première rencontre : "Je ne me
souviens plus du tout de ce qui fut l'objet de la conversation : ce dont je me
souviens très bien par contre, c'est de cette parfaitement entente préliminaire
dont le pain et le vin d'ici furent l'occasion" (Ramuz 1928 : 52).
2.
Le
Vieux Pays, le Valais
La vigne ne représente pas seulement la nature, c'est aussi la culture, le
travail des hommes et l'expression d'une civilisation. Nombreux sont les textes
autobiographiques qui évoquent ce premier environnement et son importance aux
yeux de Ramuz. Vendanges est sans aucun doute l'une des plus belles
œuvres littéraires inspirées du vin, où se mêlent réalisme symbolique et
fiction tragique. Ramuz a quarante-neuf ans lorsqu'il écrit cette histoire, et
il tente de reconstruire, à partir de souvenirs fragmentaires, l'unité de
l'enfance et l'unité du paysage, pour trouver une dimension mythique de
l'existence où la vigne et le vin deviennent la métaphore essentielle. Dans
cette œuvre, ce qui frappe le plus ce jeune Ramuz, ce sont les incroyables
similitudes entre ce qu'il appelle Le Vieux Pays, c'est-à-dire le
Valais, et ce monde ancien qu'il avait découvert à travers la Bible. La vie en
Valais à la fin du 19ème siècle était dicté par des rites et coutumes
élémentaires et ancestraux que Ramuz croyait issus d'un âge d'or que la région
elle-même avait su maintenir de manière exceptionnelle. Pour lui, rien n'a
changé depuis l'antiquité :
On
vivait comme dans le Bible : j'ai connu Noé et ses fils. C'était le temps où on
avait deux heures d'histoire sainte par semaine au Collège ; et dans le Livre
il est écrit : Noé qui était laboureur commença à planter la vigne. Et il but
du vin, et en fut enivré, et il se découvrit au milieu de sa tente. J'ai connu
Noé vivant, je l'ai vu. L'odeur forte du vin nouveau qui montait de partout et
venait flotter, la nuit, jusque dans les chambres, faisait que tous les siècles
se trouvaient confondus.
A Vendanges (1927), on assiste à la belle naissance du vin en cave.
Pendant ses vacances de récolte, Ramuz aide à Yvorne, la région vaudoise de la
vallée du Rhône, avec d'autres écoliers de son âge. Ces garçons, y compris
l'auteur, quittent souvent le vignoble où ils travaillent avec le groupe de
femmes. Ils se faufilent par les routes adjacentes et se rencontrent à la porte
menant à la presse. Pour eux, cet endroit a l'attrait du fruit défendu. Brisant
l'interdit, les garçons pénétreront dans ce lieu souterrain, magique et sacré
où se déroule la cérémonie dionysiaque et virile de la transformation du vin.
Dans cet espace fermé, interdit aux femmes et aux enfants, se déroulait le
travail réservé aux hommes. En entrant dans cet espace sacré, le jeune Ramuz a l'impression
d'entrer dans le troublant accès à l'origine même de la vie. Ce qui se passe
ensuite dans cette cave a aussi de fortes connotations sexuelles : "On
comprenait pourquoi on était venu, et quel grand besoin nous avait poussés
jusqu'au ici, nous autres garçons de dix à douze ans, et c'était d'affirmer
notre sexe et notre âge" (Ramuz 1927 : 197). Entrer dans cette grotte où
se déroule le lent travail de la fermentation du vin a été vécu par les garçons
comme un rite d'initiation qui leur a permis d'être témoins de l'origine de la
vie, voire de revivre leur propre arrivée dans le monde. On observe ici la
génération du mâle par le mâle, les femmes étant exclues. Mais la cave, avec
ses gémissements, ses soupirs, semble aussi avoir des connotations féminines,
et nous fait penser à une femme qui accouche :
Elle
[une petite porte de sapin] faisait justement la limite entre le permis et le
pas permis. "Ouvres-tu ?" - "Non, c'est toi…" - "C'est
toi, je te dis…" On se poussait contre le panneau de sapin non recouvert
de peinture et sommairement raboté ; et déjà, au travers des planches minces,
un grand bruit se faisait entendre, venant nous tenter toujours davantage,
quand on était ainsi deux ou trois petits garçons de dix ans : le bruit des
travaux réservés aux hommes, les travaux sérieux, les grands travaux mystérieux
du pressoir et de la cave, - après les humbles besognes de femmes où on nous
avait réduits jusqu'alors. On comprenait pourquoi on était venus, et quel grand
besoin nous avait poussés jusqu'ici, nous autres garçons de dix et douze ans,
et c'était d'affirmer notre sexe et notre âge. Là-bas, ce n'était encore que la
cueillette, et ce n'était encore que le raisin, c'était le fruit sucré bon pour
les enfants et les femmes : ici déjà commençaient les régions de la
fermentation, c'est-à-dire du vin, c'est-à-dire de la boisson qui convient aux
hommes faits, c'est-à-dire qui nous convenait, à nous. […] Et on avait cette
plainte sous ses pieds, dans son dos, on la percevait tout ensemble avec les
oreilles et le corps par une présence en même temps extérieure et intérieure, -
quand ça chante, ça grince, ça craque, ça soupire, ça gémit : le pressoir et
ceux qui y sont, ceux qui sont au treuil et à la palanche, ceux qui tournent la
manivelle, et durement, des deux bras, et à deux, l'un d'un côté de l'arbre,
l'autre de l'autre, font venir la grosse corde et la font s'y enrouler. Un
grand travail douloureux, difficile, et cependant plein de promesses comme dans
un enfantement, et auquel il semblait que toute la maison prît part avec sa
pierre de taille, comme intéressée elle aussi à s'aider et s'aidant… On se
glissait par la porte entr'ouverte… (Ramuz 1927 : 196-198).
Après Ramuz, l'écrivain valaisan le plus représentatif de l'après-guerre,
est sans aucun doute, Maurice Chappaz. Dans Chant des cépages romands[2],
ce petit grand texte, Chappaz nous invite à découvrir surtout les vignobles de
son canton natal : le Valais. Il nous montre fièrement les vignes. Il énumère
et décrit avec passion les caractéristiques les plus authentiques du vignoble
valaisan et les accompagne d'anecdotes et d'expériences personnelles. Ainsi, le
lecteur fait l'expérience d'un voyage intérieur magique qu'il lui sera
difficile d'oublier. Il est impliqué dans cette description en tant qu'expert
en la matière, répondant par ses efforts et même par sa propre expérience à
l'important héritage que ses ancêtres lui ont transmis. Maurice Chappaz est
marié à Corinne Bille, écrivaine également d’origine valaisanne, et passionnée aussi
par la viticulture. La famille Chappaz a vécu plusieurs années à Fully, où
Maurice a dirigé les vignobles de son oncle Maurice Troillet, alors Conseiller
d'Etat, créant un petit commerce de vin qui est toujours actif aujourd'hui[3].
Des années plus tard, la famille Chappaz a construit une maison à Veyras, où
l'on peut voir les rangées de vignes allant jusqu'à Muzot. Corinna Bille avait
déjà fait sa petite contribution écrite dans ce domaine, parfaitement dominé
par son mari - dans une série d'articles sur "Les travaux de la
vigne" publiés dans la revue L'Abeille[4] ;
dans des textes tels que "Vendanges" à Douleurs Paysannes
(1953) ou "Les raisins de verre" dans Cent petites histoires
cruelles (1973). Les deux poètes ont connu les secrets les plus intimes de
la vigne, les vicissitudes et les subtilités du métier, mais surtout ils ont
été imprégnés de la plus belle poésie, celle qui vient directement du terroir.
Les vignes ont fait le visage de
ce pays, vignes mamelles, vignes racines, vigne-arabesque, les hommes ont
construit ce pays avec des vignes.
Cassé la pierre, creusé la terre,
soulevé la pierre, posé là où il faut et l’autre dessus (voir Inca, quel monde
étrange). L’eau peut passer, la terre là où elle manquait fut portée. Les
hommes ont d’abord tout fait avec leurs mains, avec leurs dos, avec leur
esprit. Ils ont élevé le long des montagnes d’énormes marches, ces marches
montent jusqu’à mille mètres parfois, les ont remplies de terre rose, de
cailloux, de terre grise, de cailloux, de terre noire, de cailloux. Cailloux
pour retenir la chaleur du soleil, (débris) pour laisser circuler les racines.
La vigne a dédoublé ce pays, la vigne est l’intérieur et l’extérieur du monde.
On la voit et on ne la voit pas. Elle est secrète, magique, concrète, visible. Elle
est nous et pas nous (Bille, 1996: 316-317)
Une terre, le Valais, dont plus d'un tiers de la superficie cultivée est
recouvert de belles terrasses de vignes, occupe la première place dans la
production viticole de toute la Suisse. Ces terrasses, comme celles de Lavaux,
ont été façonnées par l'homme, créant sur les pentes abruptes et raides, des
parcelles de vignes aux géométries impressionnantes. Tout au long de
l'histoire, le paysage valaisan s'est forgé avec une tradition que les
Valaisans prennent très au sérieux :
Bien
des notaires qui ne prêtent pas attention à leurs épouses, goûtent, tâtent,
regardent respirent, mirent une carafe de vin dans un rayon de soleil comme
s’il s’agit d’une personne, de leur vraie femme, de leur enfant. Ils ont des gestes
câlins pour prendre leur verre, une bouche futée, des mots d’amoureux […] Tirer
sa nourriture d’un champ et se taire, voilà sans doute la moins vaine des
occupations humaines (Chappaz 2009 : 27).
Chappaz nous présente les différents cépages, les types de vins que
produisent ces terres, les délicieux nectars qui enivrent l'âme et le cœur de
ceux qui les dégustent. Mais il s'arrête aussi pour décrire le savoir-faire et
la profonde connaissance de ces marieurs de plantes, les gestes délicats et
habiles des vendangeurs qui cueillent les raisins à la main, les tonneliers qui
savent choisir le meilleur bois pour construire les douves sacrées (Chappaz
2009 : 16).
Comme l'explique Isabelle Rüf dans son introduction au "Chant des
cépages romands", ce petit livre est avant tout un extraordinaire
"hymne au goût" : le goût amer, le miel, l'astringence du gamay, le
"bouquet de marguerites écrasées", la "verte sève veloutée de
l'ermitage", le "long, long parfum de réséda du riesling". La
lecture nous invite à savourer et à nous régaler de chacun de ces vins. Tous
les éléments sont représentés : la vigne, le sol, les plantes, mais aussi le
granit, les différents types de roches, le silex, les glaciers, là au sommet
des montagnes alpines si près du ciel ; sans oublier le climat et la bonne
orientation des vignes par rapport au soleil, et l'eau qui émane des riches
sous-sols.
Toutes les vignes du pays romain sont présentes dans cet ouvrage : Amigne,
Arvine, Humagne (blanche, rouge), Pinots (noir, gris, blanc), Muscat,
Malvoisine, Païen. Le poète fait un grand voyage descriptif à travers les
cantons de Vaud et de Neufchatel, mais surtout en s'arrêtant dans son Valais
natal : “Alors dans un coin secret de ma province, je vous dirai la litanie des
grappes. Vous prononcerez leurs premiers noms qui se brisent dans la gorge. Au
commencement il y avait le gouais, le gwäss, la durize, la rèze. Et puis le
Fendant est venu (Chappaz 2009 : 11). Ce grand voyage l'amène à nous expliquer
dans ses premières pages comment s'élabore ce miracle connu sous le nom de
"vin des glaciers". "Avec ça [le Fendant] on a fait ce miracle :
le Glacier " (Chappaz 2009 : 11). Spécialité et tradition des bourgeoisies
de la vallée des Anniviers, dont les origines remontent à la transhumance,
c'est-à-dire à l'époque où les familles se déplaçaient plusieurs fois par an
entre la maison de la vallée et celle de la montagne, accompagnant leurs
troupeaux dans les hautes prairies, accomplissant ainsi les tâches de chaque
saison. Son nom "Vin des Glaciers" est le résultat de son transport
en altitude pour le faire vieillir et permettre une meilleure vinification à
proximité du glacier. Sa production remonte aux XVI-XVIIe siècles, lorsque les
vignes furent acquises par les bourgeoisies. Actuellement, on peut entendre deux versions de son nom :
"Vin du Glacier" ou "Vin des Glaciers".
Ce vin était autrefois élaboré à
partir de Rèze, un cépage originaire du Valais. Aujourd'hui, il est assez rare
et insuffisant pour continuer à produire ce vin, c'est pourquoi les
bourgeoisies et les viticulteurs de la Vallée des Anniviers ont opté pour
d'autres cépages tout aussi autochtones comme l'Hermitage, mais aussi l'Arvine
et la Malvoisine. Outre son vieillissement particulier en fûts de mélèze (entre
10 et 15 ans selon le procédé Solera), l'élément le plus caractéristique de ce
vin, comme l'explique Chappaz ci-dessous, est sa technique de remplissage
particulière :
Les
tonneaux de la Bourgeoisie n’étaient jamais vides. Leurs sacrées douves
effilochées ne tiennent ensemble que grâce à la pierre à vin intérieure qui
granit tout l’ovale. Mais sain tout ça ! On ajoute la nouvelle récolte
par-dessus l’ancienne. On rajeunit ainsi le vin vieux (Chappaz 2009: 16)
Cette procédure est appelée "transfert" et a lieu chaque année
entre fin mai et début juin, lorsque le vin est déjà préparé à Sierre (où les
cuves ont passé l'hiver) pour son ascension en chariots vers la cave naturelle
géante du Val d'Anniviers, située à 3 kilomètres du glacier. Chappaz met un
accent particulier sur le processus naturel de production du précieux liquide à
l'aide de techniques ancestrales qui respectent les temps de récolte et de
conditionnement. Et il en profite pour rappeler à ces marchands impatients que
"le vin est un organisme vivant".
Les vins vivent, les fortes Dôle, les Païens acides et
nets plus de trente ans. Le début chez nous c’étaient ces vins jaunes de
paysans et de curés, naturels, pas filtrés, pas viciés par le lin comme dit le
très sage Horace. On savait attendre pour vendanger, on transvasait par grand
froid, on asseyait les fûts sur la paille et on les menait doucement avec le
cheval ou le mulet dans les municipalités de la montagne. Et là, dans les
entrailles, dans ces cavernes de hameaux, par le noir, l’humidité juste et
l’hygiène de l’altitude, leurs substances s’enrichissait, elle se dépouillait
de sa bourbe, de la part perfide des lies, mais le vin s’engraissait, se
sustentait de tout le bon qui est en suspension. Quelques gars marchands ont
oublié que le vin est un organisme vivant (Chappaz 2009 : 15)
Glacier est un vin très particulier tant par sa consommation (20 litres par
barrique et par an en moyenne) que par sa saveur : “Il acquiert une profonde saveur, un goût tanné et frais
de mélèze et d’esparcette, il est franc, il est net et vous suggère le simple
parfum, l’envoutante touche de pollen du vieux pays. Vous avez le Glacier »
(Chappaz 2009: 16). La Bourgeoisie de Grimentz a l'honneur d'abriter le plus grand et le plus
ancien fût de Vin des Glaciers, connu sous le nom de "Tonneau de
l'Evêque".
3.
Vignes
pour un miroir
Vignes pour un miroir (1985) est un livre original né de
la rencontre entre deux regards, celui d'un écrivain et celui d'un artiste,
peintre et graveur. Corinna Bille s'inspirera d'une série de gravures de Pierre
Schopfer pour nous présenter, dans une édition posthume, une trentaine de
poèmes inédits sur les belles terrasses des vignobles du Lavaux. Des poèmes à
la fois féminins, violents et d'un certain érotisme, dont les vers reflètent
une relation étroite entre les femmes et la vigne.
La beauté singulière de Lavaux a incité le peintre et
graveur Pierre Schopfer à réaliser une série de gravures sur le thème de la
vigne et de l'eau entre 1971 et 1973. L'une de ces estampes petit format sur
Lavaux servira de base à un projet du peintre Albert Chavaz (1907-1990).
Chavaz, un ami personnel de la famille de Corinna Bille, propose aux deux
artistes la création d'un livre qui associerait les gravures de Pierre Schopfer
aux poèmes de l'auteur. Enthousiasmée par l'idée et l'œuvre de Schopfer,
Corinna Bille présente d'abord quelques textes déjà écrits. Déterminé à faire
de son projet un succès, Chavaz l'emmène, en 1975, chez lui à Veyras, un
portfolio de plus de cent gravures de l'artiste. L'écrivain, inspiré par les
dessins, écrira une vingtaine de poèmes inédits. La lecture des textes
entraînera à son tour de nouveaux changements dans les gravures. Les deux
artistes enrichiront ainsi respectivement l'œuvre. En 1978, le choix des
gravures et des poèmes est devenu définitif : sur près d'une soixantaine de
poèmes écrits, une trentaine ont été choisis pour accompagner une trentaine
de gravures. Le projet est sur le point d'être achevé quand, à l'automne 1979,
il est interrompu par le décès inattendu de Corinna Bille. Il faudra attendre
1985 pour voir la première édition publiée par André et Pierre Gonin à
Lausanne. L'édition que nous présentons est l'édition 1997 publiée par
Editorial Empreintes. Il s'agit d'un petit livre composé par trente poèmes
inédits qui accompagnaient les célèbres gravures de Schopfer.
Commençons donc à déguster, comme une douce goutte de
liqueur, la lecture de ces "Vignes pour un Miroir". Livre
d'annotations poétiques toutes liées au monde du vin et du vignoble de Lavaux.
Des poèmes pleins de fraîcheur dans lesquels les éléments
de la nature sont toujours présents : les montagnes, les vignes, les
grottes, les forêts, les lacs deviennent ainsi le cadre incomparable dans
lequel se développent ses poèmes. Cependant, cette réalité est souvent
troublante, elle semble se fissurer, permettant l'émergence d'un monde
différent, à la limite du surnaturel. Corinna vit profondément la nature, de
telle sorte que le rêve de ces éléments devient une expérience existentielle.
Maryke de Courten révèle, dans L'imaginaire de l'œuvre de Corinna Bille,
que les rêves de terre et de végétation dominent son œuvre. Ainsi la vigne
grimpante prend une vie propre et, au milieu de la nuit, se présente à
l'écrivain pour perturber son rêve. Ainsi se produit une communion intime avec
la vigne, qui semble la réconforter. Son style frise parfois ce
"panthéisme à la fois naïf, ardent et très profond" (Bille R.P., 1992
:103-104). D'autres
fois, elle partage avec elle ses moments les plus intimes. La nature nous
invite à l'abandon, à un sommeil heureux et calme. Le vignoble cache et protège
le sommeil paisible des deux amoureux. Les deux semblent se confondre avec les
vignes grimpantes qui les entourent.
Corinna se nourrit des contes et des comptines qu'elle a
entendus dans son enfance, recréant un monde dans lequel des personnages fantastiques,
héros légendaires et historiques s'expriment et interagissent. Ces histoires
sont les souvenirs d'enfance de cette jeune fille riche et agitée, dotée d'une
grande sensibilité et d'une grande imagination, qui deviendra au fil des ans une
grande écrivaine. Ainsi, Lancelot du Lac, chevalier de la Table Ronde, rêve de
porter un manteau en maille sans couture "faite de terre, de murailles de
fer d'échalas" (11), conçu dans les vignobles de Lavaux ; une étrange
créature géante et invisible monte et descend les terrasses de Lavaux comme de
simples escaliers : "ces marches géantes entre lac et ciel" (22).
"Le bon roi Dagobert[qui] a mis sa culotte à l'envers" (26), devient
enfin vigne quand il se détache de tous ses vêtements : " Ses habits verts sont devenus jaunes d’abord puis rouges,
Toutes ses feuilles sont tombées et le voici tout nu " (27).
Dans cet univers de rêve, tous les êtres animés ont leur
propre voix : les oiseaux, les grillons, l'aigle. Tous les sens sont au service
de la vigne. Selon
Bachelard "tout ce qui brille voit" (1965 : 65). Dans ce poème, les
milliers d'yeux qui brillent sont les raisins des grappes qui observent avec
impatience ce qui se passe autour d'eux. D'autres fois, c'est l'odeur de ses
fleurs qui est respirée. Des fleurs qui annoncent le printemps et avec lui la
renaissance de la vie, mais qui paradoxalement deviennent le parfum le plus
désiré pour la femme mourante d'un de ses poèmes, - peut-être la dernière
tentative de s'accrocher à une vie qui s'échappe progressivement.
L'attachement ressenti par la protagoniste du poème pour
cette terre et ces champs de vignes semble si immense que son corps résiste à
l'abandonner. Ainsi, après le dernier souffle, une partie d'elle se réincarne
dans une vigne, devenant partie du monde végétal. Ce sont ce que De Courten
appelle des métamorphoses partielles (1989 : 115).
Ainsi, les poèmes qui retiennent le plus notre attention
sont ceux où la vigne se métamorphose en femme. Des poèmes à la fois féminins,
violents et même dotés d'un certain érotisme, qui reflètent dans leurs vers la
relation étroite qui existe entre les deux.
Cette façon de représenter la vigne comme un être féminin
n'est pas nouvelle dans l'œuvre de Corinna Bille. Dans les notes et les
fragments recueillis dans ses œuvres inachevées, faisant référence à la
relation établie entre les vignerons et leurs vignes, on peut lire : "Ils
l'aiment comme leur femme, plus que leur femme. Ils pensent à elle, ils la
visitent, ils la surveillent. Elle est leur mère, leur fille, leur sœur, leur
épouse, leur amante" (Bille, 1996 : 317). Le vignoble, comme on le voit,
représente chacune des figures féminines possibles. Elle est directement
associée à la femme en raison de la similitude qu'elle entretient avec elle :
sa fertilité. Et tout comme la vigne est dominée par l'homme qui fait la
culture, dans un processus parallèle et équivalent, l'homme soumet aussi la
femme : "Ces hommes viennent à elle comme ils vont à leurs femmes et comme
ils vont à la guerre. Ils la fécondent et ils la battent " (Bille, 1996 :
317).
Dans ces sociétés agricoles et patriarcales, la femme
présentée par Corinna Bille conserve encore les vertus inquiétantes qu'elle
possédait dans les sociétés primitives en raison de son association avec la
nature. L'écrivain sait comment transmettre ce souci à la perfection dans le
poème suivant.
Devenue médiatrice entre la nature et l'homme, la femme
est facilement associée à la magie, à l'irrationnel et à l'inconnu. Tout au
long de l'histoire, les hommes ont projeté dans le féminin tout ce qu'ils
désirent et craignent. Les vendangeurs ressentent donc le désir et la curiosité
d'approcher la jeune femme, mais ils semblent avoir peur d'elle. Ils
l'associent aussi à la présence d'un serpent comme animal de compagnie, un être
mythologiquement tentant. Incapable de le définir, la jeune femme devient un
être qui oscille entre séduction, fascination et peur qu'il produit. La vigne
et la femme semblent se confondre dans la dernière partie du poème, lorsque
cette dernière utilise une partie de la plante pour s'orner elle-même et
obtenir ainsi la parfaite illusion : est-ce la femme qui est devenue vigne ou
la vigne qui est devenue femme ?
L'importance de cette culture viticole dans le travail de ces trois écrivains
a fait l'objet de cette communication. Nous avons donc prouvé que l’amour par ces
paysages viticoles ont donné à ces trois écrivains le modèle d'une forme
artistique sur laquelle ils ont fondé une partie de leur création. Ils sont donc
devenus poètes du vin, ambassadeurs du vignoble romand.
Communication présentée lors du FORUM APEF 2019-L’ALCHIMIE DU VIN-Universidade de Trás-os-Montes e Alto Douro –
Vila Real (Portugal) 7, 8, 9 novembre 2019.
[1] C.-F. RAMUZ, "Fête des
Vignerons", 1929 -- remaniement de son roman "Passage du Poète"
(1923), ré-édité en 1984 aux Editions Séquences [REZE-LES-NANTES,
Loire-Atlantique], chapitre VII, page 88].
[2] C'est
le premier texte que Maurice Chappaz a écrit sur commande. L'édition originale
de cet ouvrage paru en 1958 a été publiée dans un petit livre intitulé Éloge
des vignes suisses, traité ampélographique d'Ernest Feisst, accompagné de
15 planches avec des dessins consacrés aux différentes souches. En 1992, la
maison d'édition Empreintes à Lausanne réédite le poème en 28 pages. Depuis
2009, il est publié dans la collection Mini-Zoé à Genève - cet ouvrage comprend
également de magnifiques illustrations de Palézieux.
[3] Marie-Thérèse Chappaz, sobrina de Maurice Chappaz, se
ocupa en la actualidad de esta herencia vitícola. Consultar www.chappaz.ch.
[4]
L’Abeille : Hebdomadaire Illustré, Revue de famille. Editeurs C.J.
Bucher S.A., Lucerne, Zurich, Genève.
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