viernes, 20 de noviembre de 2015

LES LANGAGES SECRETS DE LA NATURE CHEZ PIERRETTE MICHELOUD: UNE LECTURE ÉCOCRITIQUE DE SON OEUVRE


Je la ressens issue de la Terre-Mère ; fidèle aux saisons, aux paysages, à l'immensité comme au furtif (Andrée Chedid)


Résumé
La Suisse romande célèbre cette année le centenaire de la naissance de Pierrette Micheloud (1915-2007), poète et artiste-peintre valaisanne et vaudoise. Troubadour de l’amour et de la nature, ses œuvres sont source d'émotions, de sentiments, de réflexion, mais aussi de révolte et de contestation contre ce monde globalisé perçu comme une force épouvantable, aveugle, qui finira par tout écraser. Intéressée également au devenir de la planète et des créatures (humaines et non-humaines) qui peuplent ce monde, elle s’inquiète face au progrès qui va trop vite effaçant tous les repères : « [e]lle a su y voir le drame de nos sociétés qui perdent leur racines et ne savent où s’accrocher, se retenir » (Marquet 2002 : 26). Sa mission? Protéger le monde contre le matérialisme et éveiller les consciences car, comme elle l'a dit elle-même : « sans les poètes et les artistes, le monde aurait sombré depuis longtemps ».
Le tracé de sa poésie est marqué par trois aspects essentiels : la quête de la conscience, la femme et la nature. Dans cette communication, nous allons étudier ces derniers aspects, d’après un point de vue écocritique/ecopoétique et/ou écoféministe. Sans vouloir être trop exhaustif, nous analyserons l’ensemble de sa production. Notre objectif sera donc de montrer que ce dialogue que Pierrette Micheloud établie avec la nature permet d’éveiller les consciences et de sensibiliser les lecteurs aux problèmes écologiques.


Cette conférence a été présentée dans le cadre de la Journée d'éudes consacrée à Pierrette Micheloud célebrée le 20 novembre 2015 à l'Université de Lausanne:
http://www.monde-economique.ch/fr/posts/view/pierrette-micheloud-consacree-a-l-universite-de-lausanne 
Publiée chez les Edtions de l'Aire, Vevey, 2017

sábado, 11 de julio de 2015

CENITAL O EL CAMBIO HACIA EL CENIT DEL PETROLEO





La mano invisible te ha robado la cartera y el futuro, y no se detendrá cuando algunos gobernantes dimitan. Esto no se arregla con unos años de ajuste, ni inyectando capitales, ni nacionalizando bancos. Esto no se va a quedar en los aeropuertos sin aviones, los trenes de alta velocidad sin pasajeros, la gente sin pisos y los pisos sin gente. Esto solo se acabará cuando un silencio sepulcral se enseñoree de todas las grandes ciudades, cuando el apagón se vuelva permanente y las bicicletas se desplieguen por las autopistas de peaje.
Para entonces habrán muerto millones de personas (Cenital).


              RESUMEN

Así de contundente y demoledora se presenta la historia de Cenital, tercera entrega novelesca de Emilio Bueso publicada en 2012 por la editorial Salto de Página. En ella, se nos presenta la visión distópica de un mundo en el que los combustibles fósiles han desaparecido y las consecuencias ecológicas y sociales que esta situación conlleva, incitando al mismo tiempo a la cruzada en contra del capitalismo salvaje y despiadado. Tras la actual crisis económica, resultado del agotamiento del petróleo, un grupo de personas se reúne en torno a un líder profético para enfrentarse al colapso de la sociedad y poder de esta manera sobrevivir. Cenital es la cruenta y visionaria historia de una ecoaldea fortificada que se protege contra un mundo en el que las mascotas se han convertido en mera comida y el progreso es sólo el antepasado de la destrucción, la ruina y la barbarie. De alto voltaje ideológico, la novela atrapa al lector desde la primera línea y supone una de las cinco mejores narraciones de la literatura de anticipación original en castellano, según la crítica literaria. En esta comunicación vamos a realizar una lectura ecocrítica de esta sorprendente y apocalíptica novela, basándonos en la idea de la entrada de una nueva era, el Antropoceno, y analizar cómo el colapso de la economía podría afectar al modo de pensar de todo un planeta.

III Jornadas ALCES XXI. Seminario “Ecocrítica y cultura española contemporánea en la época del Antropoceno”.  Soria, del 6 al 9 de julio 2015.  Artículo publicado en la Revista Millars: Espai i historia Año 2016, 40, nº 1.

viernes, 15 de mayo de 2015

REFLEXIONS ÉCOCRITIQUES D’UN ARBRE


Dans son livre The Spell of the Sensuous, David Abram affirme que « nous sommes humains dans la mesure de nos contacts et de la coexistence avec ce qui ne l’est pas » (1997 : ix). Si cette prémisse s’avère vraie, l’être humain est en train de perdre l’une des facultés qui nous décrit le mieux : je parle, évidement, de la sensibilité, de la tendresse. Notre capacité d’établir une relation avec la nature a été considérablement réduite au cours des deux derniers siècles à cause, surtout, de l’industrialisation et du progrès. Aujourd’hui, nous restons trop enfermés dans nos villes et les seuls contacts que nous avons, sont avec d’autres êtres humains ; à noter que ces rapports se font grâce aux nouvelles technologies inventées par nous-mêmes. Nous vivons au milieu d’une avalanche d’informations, mais la plupart du temps nous ne savons quoi en faire. Nous ferions mieux peut-être de reculer un peu et d’essayer de retrouver la proximité, la sensibilité, même au prix de perdre certaines de ces données empiriques. La Nature, elle nous parle avec un langage très spécifique. Un langage d’énergies et de symboles que, malheureusement, nous avons oublié. La perte du contact avec cet environnement sensible, de notre curiosité et de notre intérêt pour ce qui nous entoure, fait de nous, des êtres incapables d’accepter tout ce qui est différent à nous-mêmes. Ce n’est qu’en retrouvant cette sensibilité que nous pourrons comprendre ce qu’est la véritable relation.

Depuis plusieurs décennies, les voix d’alarme des défenseurs de l’environnement ont essayé de sensibiliser, à travers leurs expériences et leurs divulgations, sur cet éloignement que nous maintenons à l'égard de la planète vivante. S’éloigner de la nature, c’est ignorer sa propre existence. Le message est arrivé également à la communauté académique : les chercheurs et les professeurs essaient maintenant, dans la mesure du possible, de récupérer ce contact avec notre environnement le plus immédiat, en même temps qu’ils transmettent certaines valeurs éthiques et morales en rapport avec le monde sensible. Cette journée d’études sur l’écocritique francophone qui nous réunit aujourd’hui est aussi un bon exemple de divulgation. Or, si chaque être humain a une filiation naturelle avec d'autres organismes vivants, où naturelle veut dire héréditaire et fait donc partie de la nature humaine, tel que l’affirme Edward O. Wilson, rompre cet équilibre non seulement peut entrainer des conséquences graves pour la planète, mais aussi pour notre propre existence en tant qu'espèce.

            Dans Le Journal intime d’un arbre, Didier Van Cauwelaert nous présente l’étonnante et extraordinaire histoire d’un arbre. Tristan est un poirier qui habite dans le département des Yvelines, depuis trois siècles. Une tempête vient de l’abattre, mais c’est une nouvelle vie qui commence pour lui. S’il est prisonnier de sa mémoire, il n’en reste pas moins lié au présent, à travers ce qui reste de lui : des racines, des bûches, une statue de femme sculptée dans son bois, et les deux êtres qui ont commencé à s’aimer grâce à lui : une artiste et un critique d’arbres. C’est l'arbre lui-même qui raconte sa longue existence, dès sa naissance jusqu’au-delà de sa mort physique. Même si l’approche que l’auteur utilise est anthropomorphique – l’écrivain donne la parole à l’arbre -, nous ne devrions pas sous-estimer les considérations environnementales et écologiques présentées tout au long du récit.

            Dans cette communication nous allons réfléchir à deux questions. La première: Un arbre, est-il capable de communiquer? Les dernières découvertes scientifiques ont démontré que les arbres ne sont pas seulement parfaitement capables de communiquer entre eux, mais aussi de communiquer avec les organismes vivants avec lesquels ils cohabitent. Selon le professeur Jean-Marie Pelt, la communication dans le monde naturel se produit au moment où deux êtres entrent en contact par l'interposition de ses molécules, soit à leur bénéfice réciproque, soit dans le cadre de rapports de force (1996 : 28). Il s’agit donc d’un langage chimique où les hormones jouent un rôle très important. Une forme de communication, certainement, quelque peu étonnante pour un être humain : un langage dont les lettres, auxquelles correspond chaque fois une hormone, sont infiniment plus nombreuses que celles de notre alphabet (1996: 67-68). Mais, le plus incroyable est que chaque groupe, chaque espèce, possède ses propres hormones, son propre langage. Il s’agit donc d´un langage codée: chaque hormone a sa propre spécificité et elle n’est pas comprise par d'autres espèces végétales. Tout notre environnement est saturé de ces molécules porteuses de "messages" sans que nous nous en rendions compte.

Tristan, notre protagoniste, a aussi cette capacité à communiquer avec ses semblables et ses ennemis. C’est ainsi qu’il nous raconte:
J'avais appris que je fabriquais des hormones pour stériliser les punaises, que j'augmentais la teneur en tanins de mes feuilles pour empoisonner les chenilles quand elles en mangeaient trop, et que j'échangeais avec mes semblables, jusqu'à une distance de six mètres cinquante, des messages d'alerte grâce à l'éthylène, un gaz très simple ne comportant que deux atomes de carbone.

La communication chimique entre les arbres et les plantes, à travers ce gaz, représente un mécanisme essentiel pour régulariser la prédation dans le monde naturel.   Les résultats de cette expérience, prouvée grâce aux recherches effectuées par les scientifiques I.T. Baldwin et J.C Schultz, furent  publiés dans la revue Science en 1983[1]. Pour la première fois, les chercheurs de l’Université d’Exeter ont enregistré dans un film le processus par lequel les plantes se mettent en garde les unes des autres sur les possibles dangers. Lorsqu’une plante se sent menacée, elle libère un gaz qui avertit les plantes voisines pour se protéger. Nous pouvons donc dire avec certitude que les plantes et les arbres sont capables de communiquer entre eux et avec d'autres organismes.

Et les êtres humains ? Possèdent-ils la capacité de communiquer avec eux? Voici, donc, notre seconde question. Maja Kooitstra explique dans son livre Communiquer avec les arbres qu’"aller à la rencontre d’un arbre, c’est aller à la rencontre de l’autre, d’un être venu d’une autre civilisation, bien plus ancienne que l’Humanité» (39). Cependant, il est rare d’avoir dans notre culture occidentale ce type de contact, cela ne fait pas partie de nos traditions. Au contraire, tout au long de notre histoire, l’être humain s’est éloigné de plus en plus de la nature et des arbres. Si l'un d'entre nous connaît quelqu'un qui pratique l'art de la communication, il serait probablement considéré comme un être «bizarre» ou un «fou». Ce n’est pas une pratique à être prise au sérieux. Et pourtant ... elle ne vient pas d'être découverte. La communication avec les arbres est pratiquée depuis l'Antiquité. D’ailleurs, certaines tribus veulent aujourd’hui garder vivante cette tradition.

Notre héros, Tristan, a su créer autour de lui un petit écosystème avec lequel il interagit et dont il se soucie énormément. Par conséquent, après sa chute, sa plus grande obsession est la rupture de cette précieuse harmonie: “L'arrêt d'échanges avec les oiseaux, les insectes, les champignons, les jardiniers, les poètes; la fin des interactions qui nous lient au soleil, à la lune, au vent, à la pluie, aux lois qui gouvernent la formation d'un paysage - ce que vous avez appelez successivement, la nature, l'environnement, l'écosystème” (14-15). Dans cet écosystème, l’être humain possède aussi son espace - notre arbre consacre son temps aux gens qui viennent le visiter (des poètes, des jardiniers, etc.). C’est ainsi qu’il arrive à bien les connaître et semble en même temps se nourrir de ce contact humain: “la intelligence, la poésie, l’humour sont des nutriments aussi nécessaires pour moi que les protéines du sol ” (54). Entre un champignon ou une fourmi avec lesquels il communique parfaitement, et un homme qui raconte des histoires, son choix est clair: “J’ai toujours privilégié la fiction à l’information pure” (54). Et il explique la raison de son choix: alors que les plantes et les animaux ont la capacité de transmettre des informations par le biais de leurs gènes, les humains ont tendance à devenir des machines pensantes, mais incapables d'imaginer. Cependant, il est conscient que sa longévité est due aux individus qui lui ont fait rêver tout au long de ses trois cents ans d'existence. Des individus comme Yannis Karras, critique d’arbres, qui “ m’a fait voyager bien plus que les poètes, les guerriers, les mystiques et les aventuriers qui m'ont côtoyé en trois siècles. Car il m'a fait voyager au sein de mon espèce, en m'ouvrant des horizons insoupçonnés ” (41); ou le docteur Georges Lannes, son propriétaire actuel, avec qui il partagera ces derniers années en tant qu’arbre en vie et debout. La communication avec eux est cependant difficile, comme le poirier précise lui-même. Malgré qu’ils émettent sur la même fréquence, la communication se fait dans une seule direction. Les êtres humains sont incapables de comprendre, car ils ne savent pas interpréter les images que les arbres les envoient. Nous retournons donc à notre point de départ (nous sommes incapables de faire usage de nos sens). Au moins, notre arbre se console grâce à sa capacité à connecter l’être humain avec soi-même et d'être leur tuteur ou gardien de leur mémoire. Ainsi, pendant de nombreuses années, le poirier a conservée dans son tronc la balle allemande qui a tué le fils de Georges... “je portais son enfant comme l’avait fait sa femme. J’étais le gardien d'une âme. Une de plus” (11). Cependant, la personne qui marquera le plus sa vie est Manon. Alors que Yannis nous dévoile peu à peu l'histoire et le passé de Tristan, grâce à la commande passée par Georges Lannes, - résolut à classer le poirier en tant qu’arbre emblématique-, Manon représentera son avenir. Depuis son enfance, elle lui confie ses secrets les plus intimes. Victime d’abus sexuels de la part de son père, elle est adoptée par Georges lorsqu’elle devient orpheline. Elle s’est reconstruite en tant que personne et a trouvé sa vocation d'artiste sous l'ombre protectrice de Tristan. Notre poirier vivra avec elle, transformé en une belle sculpture de formes féminines que Manon a appelée «Rêve de l'arbre". Au fil des années, Manon devient une sculptrice célèbre et appréciée. Elle prend le nom artistique de “Tristane” en gage de sa reconnaissance- pseudonyme forgé à partir du surnom de notre arbre-  et consacre sa vie à la préservation de ces êtres précieux, en mettant son charisme et sa richesse au service de leur cause. Son désir le plus cher est, comme Tristan lui-même nous dit, “nous protéger, nous sauver, nous comprendre” mais aussi “apprendre à écouter” afin de “faire entendre nos voix” (149-150). Pour cela, elle vivra une expérience personnelle à côté d’une tribu amazonienne, les Shiranis, dont le chaman lui apprendra à communiquer avec les esprits de la forêt. Son combat personnel sera celui d'obtenir de l'UNESCO la protection de ce territoire, afin de le classer au Patrimoine mondial de la Biodiversité. Résultat de ses retrouvailles avec Yannis, quelques années plus tard, elle donnera naissance à un enfant, Toé, qui sera élevé par les Shiranis et deviendra quelques années plus tard, le chaman de la tribu, reprenant ainsi le travail commencé par sa mère. Manon perdra la vie en essayant de protéger sa belle forêt. Finalement, ses arbres succomberont aux intérêts commerciaux de l'industrie pétrolière américaine.

La perte de la forêt amazonienne fait ainsi son apparition dans le récit. Bien sûr, le territoire Shiranis n’existait pas en tant que tel, mais il représente parfaitement la réalité actuelle des territoires menacés dans le bassin de l'Amazonie, comme le peuple Kichwa de Sarayaku en Equateur. La forêt amazonienne est menacée par la déforestation et les mauvaises pratiques de gestion de ses ressources. Ce qui est paradoxal est que, face à de tels abus, les tribus amazoniennes indigènes sont empêchées de pratiquer leurs méthodes traditionnelles d’agriculture et de chasse. Cela se traduit par la perte d'un savoir traditionnel ancestral. Les politiques gouvernementales et les lois favorisent souvent la désintégration de ces tribus et de leur culture avec l'intégration de ses membres dans les communautés métisses et le manque de financement dans l'enseignement bilingue. Cette question a profondément marqué l'auteur, car dans son livre, Double identité, il ne se résiste pas à la tentation de fustiger ces politiques injustes contre les peuples amazoniens, en défendant les savoirs ancestraux des Indiens et leurs chamans. Dans la cosmovision de ces peuples indigènes, la forêt est vivante et habitée par des êtres spirituels qui maintiennent l'équilibre entre l'homme et la nature. Sabino Gualinga, chef spirituel de la tribu Sarayaku, âgé aujourd’hui de 93 ans, a raconté à la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) en 2011, les effets catastrophiques qui ont eu lieu après l'incursion de la compagnie pétrolière CCG Argentine dans leur forêt sacrée : “Nous ne voulons pas  que ceux qui veulent faire exploser les entrailles de la Terre entrent dans notre territoire”[2] a- t-il dit, car cela impliquerait que les êtres qui protègent la forêt s’enfuient et de grands maux comme les maladies et les catastrophes fassent leur apparition dans le monde.

Les changements que l’être humain est en train de provoquer dans l’environnement nous touchent directement en tant qu’être vivants. Tout comme le chaman, notre arbre prédit également: “Je sens que le monde va mal, que l’être humain se condamne chaque jour d’avantage, et que ce qu’il appelle “la nature” prépare un grand renversement.” (192). Ce changement peut être relié à ce que raconte l'un des personnages secondaires du roman, Clarence Hatcliff ; un lord anglais, chef d'un département de botanique, devenu espion pendant la Seconde Guerre Mondiale et qui atterrit par accident sur Tristan avec son parachute. Hatcliff révèle le secret des pouvoirs que Tristan a utilisé pendant des siècles sans le savoir. Lors d’une des conversations maintenue avec Georges Lannes, il prédit la fin de notre espèce par l'action des plantes:
L’être humain abuse trop de son environnement, Georges, et les arbres n’ont pas du tout apprécié la bombe atomique. J’ai bien peur qu’ils décident de nous stériliser à notre tour. […] La progestérone et l’œstrone sont des hormones sexuelles spécifiques de la femme, non? […] Mon équipe vient d’en trouver dans les graines de grenade et des pollens de palmier. Simple anomalie, ou condamnation de notre espèce? La nature ne fait jamais rien au hasard, jamais rien pour rien.

Lorsque Tristan revient, après dix-neuf ans, caché en raison d’un vol, le monde a changé. Les arbres ont commencé à réglementer la planète, nous dit-il. Leur mission est maintenant d’“essayer de vous ouvrir les yeux, vous aider à comprendre que, pour éviter de disparaitre, vous ne devez plus seulement respecter votre environnement, mais vous modifier de l’intérieur, c’est désormais tout le combat des chamanes” (215).

Dans un geste de rédemption, Rafik, le voleur de la sculpture "Rêve d'arbre" retourne l'œuvre à son héritier, c’est-à-dire, à Toé. Sa grande connaissance sur la nature, acquise dans sa tribu, a fait de lui un chaman influent et charismatique. Et grâce à sa formation académique brillante, il consacre son temps à donner des conférences à travers le monde et à gagner des causes perdues de la forêt amazonienne dans les Cours de Justice. Sa plus grande ambition: imposer la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des arbres. Sa mission est la diffusion de ce message: “L’urgence et la possibilité pour l’homme de devenir compatible avec la nature, avant qu’elle ne l’éradique” (216).

"Rêve d'arbre" sera donné au Musée de Bio-Art, pour compléter la rétrospective sur Tristane. A l'ouverture de l'exposition Toé prononcera un discours en accord avec le travail fait, il y a des années, par sa mère:
Si nous continuons à détruire les arbres, ils nous détruirons. Si nous réapprenons à fusionner avec eux, si nous renouons avec nos origines, si nous nous souvenons que, dans la tradition chamanique, ils nous ont créés, comme des ambassadeurs mobiles destinés à accroitre leurs connaissances, leurs interactions et leur puissance de rêve, alors nous éviterons ce que, par prétention aveugle, nous appelons la fin du monde… et qui signifie simplement notre disparition (223-224).

Conclusion
Actuellement, les êtres humains représentent la seule menace réelle pour les arbres. Ceux-ci n’ont pas encore trouvé une solution efficace pour se défendre. Cependant, on ne devrait pas crier victoire trop vite ... ! La découverte étonnante qui est racontée dans le récit n’est pas une invention: il a été démontré que certains pollens sécrètent des hormones sexuelles spécifiques des femmes, tels que la progestérone et l’œstrone, à des doses très similaires de celle de la pilule contraceptive. L'instinct de survie pousserait les arbres à stériliser l'espèce humaine, en utilisant les mêmes ressources employés pour se débarrasser des punaises? Tristan nous met en garde: “Vous étiez prévenus. Vous auriez eu le temps de réagir.” (228). Ce qui a été inventé dans le récit est la diffusion du pollen de cortisol, l'hormone de profonde dépression. Seul remède pour éviter l'effondrement de la planète. “Vos désherbants, vos pesticides et vos OGM étaient sur le point de détruire totalement les abeilles. Si nos fleurs n’étaient plus fécondées, presque tous les fruits et légumes allaient disparaitre. Alors nous avons dû agir sur votre court terme. Désormais, nos pollens transportent également une dose massive de cortisol, l’hormone de la dépression profonde” (228). Cette même question a été développée dans un film en 2008 intitulé "The happenning" (Phénomènes), film qui raconte l’attaque des plantes vers les gens comme un mécanisme de défense. Ceux-ci mettent en suspension dans l'air un neurotoxique qui incite au suicide. Notre arbre ne peut que constater la disparition de l'espèce humaine soixante-dix ans plus tard, dans l'un de ses réveils, pour certifier notre disparition: « Inciter le prédateur au suicide est la solution la plus écologique que nous ayons trouvée, pour que la planète dont nous sommes les gardiens demeure vivante et viable.» (228)

Dans la « vie réelle», et en dépit de la destruction massive ou officiellement contrôlée de forêts, les arbres continuent de nous rendre heureux - mais pour combien de temps?




Obras consultadas
ABRAM, David, La magia de los sentidos, Barcelona : Ed. Kairos, 1999.
KOOITSTRA, Maja, Communiquer avec les arbres, Paris : Le courrier du livre, 2010.
PELT, Jean-Marie, Les langages secrets de la nature, Paris : Ed. Fayard, Col. Livre de Poche, 1996.
VAN CAUWELAERT, Didier, Le Journal intime d’un arbre, Neuilly-sur-Seine : Ed. Michel Lafon, 2011.
----- Double identité, Paris : Ed. Albin Michel, 2012.
WILSON, Edward O., The Biophilia Hypothesis, Washington : Island Press, 1993.

 Communication présentée lors de la Journée d'études "L'écocritique francophone" le 8 mai 2015 au Trinity College à Cambridge.




[1][1] I.T. Baldwin et J.C Schultz, Science, 1983, nº 221, pp. 277-279.
[2] http://otramerica.com/causas/los-kichwas-de-sarayaku-defienden-su-dignidad-ante-la-cidh/401

sábado, 18 de abril de 2015

"Si le soleil ne revenait pas" o el triunfo de la luz sobre las tinieblas

RESUMEN


“Si le soleil ne revenait pas” es una obra literaria del escritor suizo C.F. Ramuz, publicada por primera vez en 1937, en plena guerra civil de España y justo antes de los terribles acontecimientos de 1939-1945. Narra la historia de un pueblo, St-Martin d’En-Haut, anclado en lo más profundo del corazón de la auténtica montaña alpina. Como cada 25 de octubre el sol desaparece en el valle para no regresar hasta el 13 de abril. Seis meses de oscuridad se ciernen sobre la aldea. Ese año sin embargo, Anzevui, herborista y curandero respetado, predice la muerte del sol. La aldea se instala en un apocalipsis de fin del mundo.

En este ambiente de luces y de sombras, Ramuz dedica en esta novela una gran parte de su estudio social a la influencia que ejercen las creencias - el obscurantismo -  dentro del cerrado medio rural. Encontraremos pues los paisajes y los personajes que tanto caracterizan a este escritor y, desde el punto de vista de la simbología, analizaremos cómo influye la ausencia/presencia de la luz en el ambiente y en el espíritu de dichos personajes. 

“Si le soleil ne revenait pas” es una maravillosa profesión de fe y esperanza en la vida, cuyo tema sigue siendo de actualidad. Encontramos al Ramuz más visionario y realista de las grandes novelas sobre la vida primitiva y la fatalidad.

*****
Si le soleil ne revenait pas (1937), es la última gran novela que C.F. Ramuz dedicada a la temática de la montaña. En ella, el escritor explica a su manera, la influencia que ejerce la modernidad en las últimas sociedades tradicionales suizas, a través de una historia arraigada en el cantón del Valais y contextualizada en pleno siglo XX. El relato se sitúa en el mismo año en el que se escribe y publica la novela (1937)[1]. Las diferentes referencias históricas a la guerra de España que aparecen a lo largo del relato así lo justifican. Si bien se trata de una época convulsa en toda Europa, para el escritor es un periodo muy fructífero, en el que ve llegar su esperado y ansiado reconocimiento. El Ramuz de finales de los 30 es un autor ya consagrado, tanto en su país como en Francia, cuya obra suscita una enorme admiración. Más apegado a lo que ocurre a su alrededor, sus escritos se muestran ahora más dispuestos a revelar los desafíos de su tiempo que a imaginar relatos inspirados en legendas populares. En esta novela, Ramuz nos relata la historia de un pueblo, Saint-Martin d’en Haut, situado en lo alto de una montaña del cantón del Valais. Por su disposición geográfica, los habitantes de este lugar dejan de ver directamente el astro solar durante seis meses (del 25 de octubre al 13 de abril), el tiempo que dura el invierno en estas zonas aisladas de los Alpes. Pero este año, Anzevui, herborista y curandero respetado, predice la muerte del sol. La aldea se instala en un apocalipsis de fin del mundo.
Saint-Martin d’en Haut forma parte de lo que los personajes ramuzianos denominan “le mauvais pays” (1968: 290), es decir, la alta montaña, una tierra hostil con la que resulta difícil convivir: “un pays comme le nôtre, un pays pauvre, un pays triste, un pays où il [le soleil] n’est pas là pendant six mois” (530). En contraposición está el “bon pays”, representado por el valle, el lago y las buenas tierras de cultivo. La comparación entre ambos países o regiones aparece en las primeras páginas de la novela y esa primera diferencia que constatan los personajes viene dada por la intensidad de la luz solar y el color azul del lago. Aquí la luz solar es sinónima de buena producción agrícola, o más bien, vitícola:
Mais quel drôle de pays le nôtre ; c’est un pays triste, disait-il.
-   Et celui d’en bas ?
-   Là-bas, disait-il, c’est bleu […] Ici, on n’a point de soleil de tout l’hiver, là-bas ils en ont deux tout le long de l’année. […]
-   Deux ?
-   Oui, il y a celui qui est au ciel et il y a celui qui est dans l’eau (527)

Julien Revaz trabaja en el viñedo de Lavaux, al borde del lago. A Lavaux se le conoce también con el nombre del “país de los tres soles”. Los dos primeros son los que menciona Julien anteriormente (el que está en el cielo y el que se refleja en el lago Leman).
Le soleil vous tape sur la tête, mais il y en a un autre, celui d’en bas, qui vous tape dans le dos. Ça en fait deux : celui d’en haut, qui est en un point tout rassemblé ; celui d’en bas qui est tout cassé en morceaux et éparpillé, parce qu’il y a l’eau qui le balance et en bombarde toute la côte ; ça en fait deux qui chauffe ensemble : c’est pourquoi ils ont de bon vin (528).

El tercero, que no aparece en la novela, corresponde a los 400 km de muros de piedra que componen las terrazas y que fueron levantados a partir del siglo XII por los monjes cistercienses instalados en la región. Los monjes comprendieron rápidamente el potencial de dicho lugar. Con mucha paciencia y dedicación, despejaron el terreno de la vegetación que cubría las laderas hasta la orilla del lago, y con sus propias manos comenzaron a construir los muros para aplanar y estabilizar la tierra. En ella plantaron la viña, dando comienzo así a la producción de vinos en Lavaux. [2]
En el “mauvais pays”, cuando el sol desaparece del cielo durante los largos meses de invierno, los habitantes de Saint-Martin d’en Haut lo encuentran dentro de este maravilloso producto. Así lo recuerda Isabel:
-       Nous autres, notre soleil est en bouteilles… Eh ! Augustin…
Augustin avait été chercher une bouteille et des verres.
-       Notre soleil à nous, on le tient à la cave, on n’a pas besoin d’aller loin pour le trouver (529).

La luz se ha convertido en sustancia, se encuentra en el color del vino, un vino blanco y dorado como el sol:
Elle avait été remplir à la cave un litre en verre blanc qui laissait voir la couleur que le vin avait et c’est une couleur qui se reconnait vite. Métrailler avait montré le litre du doigt :
-       Eh bien, disait-il, le soleil… Est-ce qu’on ne dirait pas qu’il est déjà revenu ?
Le vin est beau à regarder, c’est un commencement (586).

El vino no solo tiene la propiedad de iluminar por fuera sino también por dentro, ilumina los corazones, los abre y hace que la comunicación fluya mejor entre las gentes. Pero Ramuz no solo se fija en los objetos, o en las sustancias, para recrear la luz. Las personas poseen también esa capacidad de iluminar. Así, en este paisaje cubierto por la niebla, en el que el sol se esconde, Isabel representa la única luz que ilumina el camino: “Ah! elle, du moins, elle riait, elle du moins était brillante, elle, elle se voyait de loin, ayant un corsage de soie bleu ciel, un tablier à fine rayures de toutes les couleurs, un mouchoir rose autour du cou”. (549) Isabel ha sabido, como el vino, conservar en ella el color, el recuerdo y el reflejo de las cosas de este mundo. Así se lo hace saber Métrailler:
-   Et, vous aussi, vous êtes belle à regarder. Et vous nous l’avez conservé, vous aussi, vous avez bien fait.
-   Oh ! dit-elle, c’est que je l’aime…
-   Vous avez bien fait, voyez-vous, et c’est bon de l’avoir de nouveau devant soi, sans quoi on perdrait l’espérance (586).

Ella simboliza la claridad, la esperanza, el futuro de una sociedad moderna. Su juventud despierta la confianza entre los más jóvenes que están decididos a no dejarse amedrantar por los malos augurios del profeta. Un profeta, Anzévui, que en esta novela, es la viva imagen de la sociedad tradicional y del obscurantismo. Todo en él representa el declive de un mundo que está a punto de desmoronarse: su casa está en ruinas, su ropa son sólo harapos. Aunque se le considera un hombre sabio, por sus conocimientos sobre plantas medicinales y productor de remedios, a lo largo de la novela va perdiendo progresivamente sus facultades físicas y mentales. Su más fiel seguidora, Brigitte, es la antagonista de Isabel. Si Isabel representa la luz, Brigitte es la oscuridad y la sombra:
Elle était là depuis un moment, mais personne n’avait fait attention à elle. Elle était toute habillée de noir, avec un mouchoir noir noué autour de la tête, et, assise un peu en arrière du monde dans un coin, sa petite personne s’y confondait toute avec l’ombre (530).

Como veremos la percepción de la luz, como experiencia sensorial, influye tanto en los aspectos emocionales como físicos. Julian Revaz, que regresa por unos días a ver a su familia, siente como su estado anímico cambia a medida que se va acercando al pueblo de Saint-Martin d’en Haut, sumido ya en las sombras del invierno:
-   […] j’étais content de rentrer…
-   Et, à présent, tu n’es plus content ?
-   Oh ! dit-il, c’est à cause du changement de temps. Jusqu’à Sion, il a fait clair.
-   Et depuis Sion ?
-   Eh bien, vous voyez… […] jusqu’au Rhône il a fait clair. Là, il y avait une barre à travers la plaine ; c’était l’ombre des montagnes. Et la neige ne se montrait pas encore ; c’est seulement une fois qu’on a été de l’autre côté de cette barre qu’on a commencé de la voir, comme du sucre sur les marais. En même temps c’est l’air qui a changé, la couleur de l’air, la couleur des choses, parce que vous n’avez plus du soleil. Et il n’y a plus d’eau non plus pour le doubler.
-   C’est vrai qu’il fait gris cette année, dit le père Antide (528).

Desde el punto de vista físico, la ausencia del sol o de luz, parece influir a unos más que a otros. Así, Julian Revaz se sorprende al ver la palidez de los rostros de algunos vecinos reunidos en el bar del pueblo:
-   Et c’est vrai que vous n’avez pas bonne mine, vous êtes pâles. Oui, vous, le père Antide, et vous, la mère Antide, et toi aussi Augustin.
-   Et moi ? dit Isabelle.
-   Oh ! Pas vous.
-   Et moi ? dit alors Jean qui était le frère d’Augustin.
-   Oh ! pas toi ; comment est-ce que ça se fait, dit-il, puisque vous vivez tous à l’ombre qu’il y ait cette différence ? […] Si vous  veniez d’où je viens, vous auriez le soleil écrit sur la figure…(530).

También Isabel nota que algunos de los vecinos, incluido su propio marido, presentan un aspecto físico diferente: “Il a mauvaise mine: ils sont comme ça cinq ou six à avoir mauvaise mine dans le village, tu sais pourquoi » (599). Pero no sólo influye en los personajes del relato, también el paisaje sufre esa degradación física. Las descripciones de los paisajes alpinos, tan características de Ramuz, han desaparecido completamente en esta novela. La ausencia de la luz y la niebla que se ha instalado de manera persistente hacen que las montañas, los valles y las laderas desaparezcan de nuestro campo de visión y que todo parezca extrañamente inmóvil, silencioso. Es como si el tiempo y la vida se hubiesen detenido en esta localidad:
C’était le dimanche matin. Qu’est-ce qu’on voit ici en hiver ? on ne voit rien. Le jour était quelque chose de gris et de vague qui se détortillait lentement hors de la nuit de l’autre côté des nuées comme derrière un carreau dépoli.
Qu’est-ce qu’on entend ? rien du tout. Même pas le bruit des pas à cause de la neige, même pas le bruit du vent, parce qu’il n’y a toujours point de vent. De temps en temps une voix, quelquefois un enfant qui pleure, pas un oiseau, pas même la fontaine, parce qu’elle coule dans un chéneau de bois pour éviter qu’elle ne se prenne peu à peu dans la glace, comme il arrive, si on la laisse couler librement à l’air. (548)

El domingo además es considerado el día del sol en muchas culturas (sunday). En Saint-Martin d’en Haut, como en cualquier pueblo de la montaña, todos los vecinos van a escuchar la misa. Pero las campanas no suenan en esta localidad porque no son parroquia y deben bajar hasta Saint-Martin d’en Bas para escuchar la misa. Ese domingo, no se escuchaban las campanas, “soit à cause de l’immobilité  de l’air ou bien à cause de la neige qui est comme du coton partout et boit le son; c’était un dimanche sans cloches (549). Es como si todo lo que se asociara con el sol hubiese desaparecido por completo en el pueblo.
Las fuentes de luz natural dan lugar a asociaciones que hoy se encuentran profundamente arraigadas en la psicología humana. Los personajes ramuzianos de esta novela se encuentran divididos entre aquellos que sienten que la luz del sol les ofrece seguridad, calidez y claridad de visión (los más jóvenes del lugar); y aquellos que, por el contrario, atrapados por el miedo y la superstición que Anzévui y Brigitte han propagado por el pueblo, se encuentran perdidos, inmersos entre la inseguridad, la falta de claridad y de razón (mayoritariamente viejos). Estos últimos se refugian en la luz del fuego o de la lámpara, en la intimidad calurosa que les ofrece la habitación, el chalet, tras “l’épaisseur de la porte bien fermée, l’épaisseur de leurs doubles fenêtres ». Todo en ellos emana cierta debilidad y resignación. Tienen en común el haber sufrido alguna pérdida (familiar, física, emocional) o ruptura a lo largo de su vida. Arlettaz, por ejemplo, ya no tiene esperanza alguna de encontrar a su única hija desaparecida desde hace tres años, y tras vender el campo de Empeyres, su propiedad más valiosa, a Follonnier, busca consuelo en esta perspectiva de fin del mundo, ahogando sus penas en el vino. Arlettaz ve cómo ese mundo ancestral del que proviene se está desmoronando ante sus ojos. Pero como todo está ya perdido…
Eh bien! Je te dis voleur quand même. Un champ qui venait de ma mère! Et pas seulement de ma mère, mais du père de ma mère, et puis du père du père… (mais il s’embrouillait); le plus beau champ de la paroisse, le plus plat, le mieux exposé, et sans le plus petit caillou, tu sais, tellement tout avait été tenu et trié motte à motte à la main… Enfin, puisque c’est fini. Parce que c’est fini, ou quoi? (589-590).

Otro de estos personajes es Martin Métrailler. La semioscuridad en la que se encuentra debido a su ceguera se puede interpretar también como una ruptura de los más viejos del lugar con el mundo presente: “Le père Métrailler ne voyait plus les choses du monde que la vague clarté qu'elles émettent, non leur forme; il ne voyait plus du monde que des places sombres et des places claires” (534). Su muerte, acaecida de forma inesperada, parece anunciar la caída del propio curandero.
Brigitte se trasforma a lo largo del relato en una especie de devota que alimenta noche y día una lámpara de aceite, para ella fuente de esperanza y de resurrección. Esta pequeña luz le ofrece cierta seguridad y protección mientras espera la llegada del fatídico día en el que todo oscurezca. Pero a pesar de creer en los extraños cálculos de Anzévui, todos estos personajes, desalentados por la situación, guardan la esperanza de que tras la oscuridad y la muerte llegará una nueva luz “une bien plus grande lumière qu’il n’y en a jamais eu ici; on sera refaits par elle, renouvelés. Et portés par elle les uns vers les autres (591). La extinción de esta luz artificial mantenida durante varias semanas por Brigitte y conocida por todos en Saint-Martin, será la última imagen de la novela. El astro, en un acto de reconquista triunfante, se refleja en su ventana  imponiéndose aquí con todo su esplendor “c’est la fenêtre toute entière qui est devenue comme un grand feu” (626).
En el otro bando se encuentra el hijo Martin Métrailler, Cyprien Métrailler, que impaciente, busca sus propias respuestas; su inconformidad con la situación provoca en él la necesidad de ir en busca de la luz: “Je vais aller retrouver le soleil, disait-il, parce qu’il se cache trop longtemps pour nous quand on reste enfermés dans le village; et c’est bête, puisqu’on a des jambes; et puis je m’ennuie…” (534). Decide subir a lo más alto de la montaña para disipar no sólo la niebla que le rodea, sino también sus propios miedos y la angustia que comienza a instalarse en el corazón de sus vecinos:
« Et voilà ! Ils sont morts là-dessous parce qu’ils consentent à la mort. Ils sont couchés ensemble dans le mauvais air sous un édredon, sous un plafond, sous un toit, puis sous un autre qui est la neige, et un troisième toit encore qui est la nuit; eh bien, moi, je vais chercher la lumière parce que je suis vivant. Je vais leur ramener le soleil qu’ils n’ont plus et pour le moment je refais pour eux la lumière » (537)

Este párrafo encierra en sí mismo mucha simbología. Ir al encuentro de la luz del sol se ha convertido para Métrailler en una búsqueda de la razón, en una persecución por el conocimiento y la verdad. Métrailler, al igual que Isabel, no cede ante la superstición e intenta encontrar una verdadera solución, por ello quiere establecer un contacto físico con el astro, quiere ver con sus propios ojos el sol, convencerse de que sigue allí y convencer así a los demás: “je leur en rapporterai, à ceux d’en bas, un peu dans mes poches; je leur dirais: « Vous voyez bien qu’il existe toujours! » parce qu’ils vont finir par en douter…” (538). Se establece de este modo una especie de diálogo entre el personaje y la luz para liberar el pensamiento de la oscuridad que le enceguece con trampas alienantes. El sol se convierte para Métrailler en punto de referencia, en un símbolo de la verdad absoluta que se va concretizando gradualmente. Aquí no caben dudas o peros, pues sencillamente ES... Sin embargo, al llegar a lo más alto de la montaña, al lugar exacto donde el sol debería de aparecer un instante para después esconderse de nuevo, Métrailler tiene una visión extraña, casi fantasmagórica, que le hace retroceder, aumentando así la angustia del lector:
[…] il a vu le soleil là-haut qui ne se montre pas, mais qu’on montrait, qui ne se soulève pas, mais qu’on soulève ; échevelé, et tout enrubanné, tout enserpenté de nuées qui étaient elles-mêmes rouges comme des cailloux de sang.
Tout à fait pareil à une tête coupée autour de quoi la barbe et les cheveux pendraient encore fumant ; qu’on a levée en l’air un instant, qu’on laisse retomber.
Et déjà le brouillard et l’obscurité étaient revenus là où avait été sa place (540).

Aunque esta primera tentativa acaba en un fracaso para Métrailler, la escena en sí se presenta como un preludio de lo que será la subida triunfal del final de la novela. Impulsados por el deseo espontáneo, natural e inocente de Isabelle, Métrailler, Jean y los dos hermanos Revaz, organizan la subida final. A medida que avanzan hacia la cima de la montaña, los personajes, con sus propios cuerpos, parecen perforar ese aplastante techo que ha formado la niebla, abriéndose hacia la inmensidad del mundo. En primer lugar se ensancha un vasto horizonte de montañas: “On commençait à voir la terre dans toute son étendue” y “le ciel au- dessus d’eux commençait à se dévoiler”. Pero el cielo se resiste todavía: “Les nuages, à l’horizon, se rassemblaient en flocons”. Una vez disueltas estas nubes el espectáculo es impresionante. La última imagen es la del sol que despliega sus rayos en forma de abanico. Con este mito solar vemos triunfar las fuerzas de la vida sobre las fuerzas del miedo y de la muerte, a la gloria de una naturaleza magníficamente pagana en la que la luz triunfa sobre las tinieblas.
Si le soleil ne revenait pas acaba en un verdadero mito solar, donde lo que triunfa por encima de todo es la vida, la luz y la energía vital. Así lo expresa Michel Dentan:

Un symbolisme de la toute-puissance, liée à l’élévation, à la vue panoramique, au soleil, au feu, aux reflets dorés, au frémissement sensuel, aux coups de fusils, etc., anime les derniers pages du roman, comme un couronnement du dynamisme ascensionnel, et en parfaite opposition avec, en bas, les thèmes de la nuit, du brouillard, de la résignation peureuse, de l’impuissance et de la mort (Dentan 1974: 74)


CONCLUSIÓN
Si le soleil ne revenait pas es, ante todo, un hermoso canto a la vida y una metáfora maravillosa del triunfo de la luz sobre la oscuridad. En este juego de luces y de sombras Ramuz consigue una obra maestra de miedo y de angustia. Las manifestaciones de temor varían, pero su presencia permanece a lo largo de toda la novela. Escrita durante un periodo de gran inestabilidad en Europa -la guerra civil española- , la novela es también una fábula que muestra que en el corazón de las tinieblas, siempre existen aquellos que renuncian y aquellos que luchan, los que ceden a la opresión y los que rechazan la desesperanza. Es, en definitiva un relato de gran sensibilidad, portadora de luz y de alegría que aconsejo leer durante un día gris.

  

REFERENCIAS

DENTAN, M. C.F. Ramuz. L’espace de la création. Neuchatel: La Baconière, 1974.
PIERRE, J.L. “Ramuz et les lieux aimés et l’exemple de Si le soleil ne revenait pas”. Les Amis de Ramuz. Tours: Université François- Rabelais. Bulletin 33. 2013.
RAMUZ, C.F. Si le soleil ne revenait pas. Genève: Slatkine. Romans, Tome 9 (1932-1937), 2013.
--, Lettres. Lausanne: Ed. Rencontre. Oeuvres Complétes. T XII. 1968.
WOLFGANG, Hebeisen. La lumière dans l'oeuvre de CF Ramuz – Paris: Peter Lang, 1988.




[1] Ramuz trabaja en la redacción del manuscrito definitivo (159 hojas en recto) del 13 de mayo al 29 de julio de 1937.  La relectura y reescritura del texto las lleva a cabo del 1 al 15 de agosto de ese mismo año. Y la publicación original aparece en noviembre 1937 para las Ediciones de Henry-Louis Mermod.
[2] Las órdenes eclesiásticas fueron remplazadas por hombres laicos que a lo largo de estos siglos han sabido transmitir su amor por la viña. Estos viticultores han conservado plantas y terrazas manteniendo una tradición, que en algunos casos, se perpetúa desde hace 17 generaciones. Ocho siglos más tarde el esfuerzo se verá recompensado con la inscripción del viñedo en el Patrimonio de la UNESCO.


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